Cette fiche présente les comptes macro-économiques de l’agriculture wallonne. Elle offre une vue globale du fonctionnement économique de ce secteur en Wallonie. Les productions ainsi que les consommations intermédiaires agricoles sont analysées.

La valeur de la production agricole et horticole wallonne s’élève, en euros courants, à 2,04 milliards d’euros en 2021. Il s’agit de la plus haute valeur observée depuis 2015. Elle est composée principalement de la production de lait, de viande bovine et de céréales. Les consommations intermédiaires, qui étaient précédemment relativement stables dans le temps, augmentent à 1,2 milliard d’euros.

Après deux années de recul, la valeur de la production agricole repart à la hausse

En 2021, la valeur de la production agricole et horticole de la Wallonie s’élève à 2,04 milliards d’euros, en augmentation de 13 % par rapport à 2020, année particulière et de 10% par rapport à 2019. Cette valeur est la plus haute observée depuis 2015.

Cette augmentation de la valeur de production est surtout dopée par un effet prix, en particulier pour les céréales. L’effet volume, en augmentation également, est contrasté entre les productions animales et végétales. Ces dernières ont souffert du froid et des pluies des mois d’été, interrompant à plusieurs reprises les moissons.

Variation des indices de valeur, de quantité et de prix de la production agricole wallonne

 

- La viande bovine et le lait constituent depuis de nombreuses années les productions agricoles wallonnes les plus importantes en valeur. En 2021, leur valeur totale atteint plus de 1 milliard d’euros

Les productions agricoles et horticoles peuvent être réparties en 3 catégories : les productions animales, les grandes cultures et l’horticulture. La valeur des productions animales représente 54 % de la valeur de production totale en 2021, cette proportion a tendance à diminuer d’années en années, augmentant la part des grandes cultures (passant de 32 % de la valeur totale en 2015 à 37 % en 2021).  Plus spécifiquement, le lait et ses dérivés constituent la première production agricole wallonne, avec une valeur de 0,53 milliard d’euros. La viande bovine atteint une valeur inférieure, de 0,41 milliard d’euros. En troisième position se trouvent les céréales avec une valeur de 0,36 milliard d’euros.

Depuis une quinzaine d’années, le podium est presque toujours composé de ces trois productions. Il est important de préciser que précédemment, les betteraves sucrières occupaient la troisième place et non les céréales.

En 2021, les livraisons de lait en Wallonie ont diminué par rapport à 2020, année particulière, mais restent au-dessus de la moyenne des 5 dernières années. Cependant, le prix du lait s’est amélioré, dopant l’augmentation de la valeur de production du lait (+14 %).

Le marché de la viande bovine  a été porteur. La production de carcasses est environ  3 % inférieure à 2020 mais les prix progressent, surtout sur les meilleurs conformations.

La hausse des prix au producteur est de 35 % pour les céréales. Cette hausse permet de combler des volumes de production en diminution (-5 %). Tout spécialement, les rendements du froment d’hiver et de l’épeautre ont pâti du froid et des pluies des mois d’été. Les moissons ont dû être interrompues à plusieurs reprises et malgré une augmentation des emblavements de 5 %, la quantité de froment produite a baissé par rapport à l’année passée de 8 %.

Le secteur de la pomme de terre fut grandement affecté par la crise sanitaire de la Covid-19, l’année 2021 a permis une embellie du secteur mais les répercussions de la pandémie sont toujours présentes. En effet en 2020, les usines de transformation n’ont pas pu absorber toute la production et les agriculteurs ont dû trouver des débouchés alternatifs à très faible prix. En conséquence, vu les incertitudes pour 2021 et des stocks de produits finis importants, les superficies consacrées à la pommes de terre ont diminué en 2021 avec une superficie de 89 650 ha contre 95 148 ha pour les cinq dernières années.

L'abondance des précipitations a entraîné une forte pression des maladies et une augmentation des coûts pour les producteurs. Les conditions de récolte ont été très difficiles en raison de sols gorgés d’eau. Néanmoins, le rendement brut est similaire à la moyenne pluriannuelle, respectivement 47,3 t/ha et 44,8 t/ha, mais est très variable selon plusieurs facteurs : régions, sous-régions, parcelles, maîtrise du mildiou et variétés. On estime une augmentation en rendement pour la variété « Fontane » (majoritairement produite) de 6 %.

La production de betteraves sucrières est stable en 2021 par rapport à 2020 malgré une diminution de la superficie (- 4 %) et du rendement (- 3 %). A l’inverse, les prix sont à la hausse (+12 %). En effet, la demande mondiale en sucre est supérieure à l’offre, suite à la diminution de production de sucre au Brésil qui a subi une forte sécheresse.

Structure des valeurs des productions agricoles et horticoles en Wallonie en 2021

Valeur des principaux produits agricoles wallons

 

- La Wallonie tient une place importante dans la production belge de céréales et de betteraves

En 2021, la Wallonie contribue pour 25 % à la valeur de la production finale belge (9,9 milliards d’euros[1]), or sa SAU correspond à 55 % de la SAU belge. La Wallonie et la Flandre présentent en réalité des profils de production différents : environ 75 % de la valeur de la production wallonne proviennent des productions bovines et des grandes cultures, alors que la Flandre est davantage tournée vers l’horticulture et les granivores. Ces dernières productions sont moins liées à la terre que les productions phares wallonnes, ce qui permet à la Flandre, malgré une superficie totale moindre, de participer pour 75 % à la valeur de la production finale belge.

Grâce à la valeur apportée par les betteraves sucrières et le froment, la Wallonie participe de manière significative, par rapport à la Flandre, à la valeur totale de la production belge des grandes cultures. A l’inverse, les cultures horticoles et les élevages de granivores wallons ont un faible poids à l’échelle de la Belgique.

 

Structure de la valeur de la production agricole et horticole finale en Wallonie et en Flandre en 2021

Part de chaque spéculation de l’agriculture wallonne dans l’agriculture belge en 2021

 

Les consommations intermédiaires wallonnes avoisinent 1,2 milliard d’euros

Les consommations intermédiaires de l’agriculture sont les biens et services effectivement consommés sur une année civile pour réaliser la production. Afin de comparer les régions, nous avons répertorié les consommations intermédiaires en 4 catégories : les cultures (charges en engrais, semences et produits phytopharmaceutiques), les animaux (charges en aliments et frais vétérinaires), l’énergie (charges en carburants et autres) ainsi qu’une catégorie autre (frais d’entretien, assurances, travaux par tiers, etc.).

Depuis 2017, la valeur des consommations intermédiaires augmentait faiblement d’année en année. Cependant, en 2021, une forte hausse est observée (+ 6 % par rapport à 2020) permettant à cette valeur d’atteindre 1,2 milliard d’euros Cette valeur est la plus haute depuis 2015. Cette augmentation est la conséquence d’une forte augmentation des prix, principalement  celui des intrants. Si en 2020, les prix de l’énergie avaient chuté, ils ont fait plus que se rattraper en 2021. L’impact n’est pas uniquement sur les consommations de carburant et de combustibles mais également sur le prix des engrais (le gaz étant un élément essentiel à la fabrication des engrais azotés). Certains sites industriels, au vu des coûts croissants de production, ont suspendus la production de ces engrais, accentuant, ainsi, la hausse des prix et faisant planer un risque de pénurie. Les prix des engrais en 2021 sont estimés 1,5 fois supérieurs à ceux de l’année dernière.

Au-delà de l’énergie, le prix de l’alimentation animale a également progressé défavorablement pour la rentabilité des différentes filières d’élevage. La hausse exceptionnelle des prix des céréales et des oléoprotéagineux sur les marchés européens et mondiaux impacte positivement la rentabilité de ces cultures mais a un effet négatif sur les filières d’élevage.

Variation des indices de valeur, de volume et de prix des consommations intermédiaires wallonnes

 

- Plus d’un tiers de la valeur des consommations intermédiaires provient des achats d’aliments

Les aliments représentent plus du tiers de la valeur des consommations intermédiaires avec environ 0,45 milliard d’euros. Les produits animaux étant les principaux créateurs de valeur ajoutée en Wallonie, il y a donc un lien indéniable entre ces deux éléments. Les travaux par tiers et les assurances contribuent ensuite à environ 12 % de la valeur des consommations intermédiaires, proportions stables depuis 2015.

Répartition des consommations intermédiaires en Wallonie en 2021

 

- La Wallonie a un profil moins énergivore que la Flandre

Tout comme les productions agricoles, les consommations intermédiaires wallonnes ont un profil différent de celles de la Flandre. Dans le Nord du pays, près des 2/3 des consommations intermédiaires concernent les aliments et l’énergie. Alors que ces postes atteignent seulement 50 % en Wallonie. Les spéculations horticoles et les granivores utilisent, en effet, de grandes quantités d’énergie pour les systèmes de ventilation et/ou de chauffage, et les granivores ne consomment pas ou peu de fourrages grossiers, ce qui conduit à l’incorporation de grandes quantités d’aliments composés qui sont achetés.

En 2021 en Wallonie, les consommations d’aliments sont valorisées à 0,45 Milliard d’€ soit un peu moins qu’ en 2020 (0,43 Milliard d’€). Cette diminution peut être expliquée par la sécheresse des années précédentes augmentant la quantité de concentré acheté ainsi, mais dans une moindre mesure, par l’augmentation continue de porcs en Wallonie.

Répartition des consommations intermédiaires en Wallonie et en Flandre en 2021


[1] Valorisation de la production agricole hors productions fourragères