Cette fiche évoque le cheptel porcin élevé en Wallonie : l’effectif total, le nombre de détenteurs et l’effectif moyen par exploitation, actuellement et au cours du temps, selon les différentes orientations technico-économiques [OTE] et leur répartition géographique. Par convention, seuls les troupeaux d’au moins 10 porcs sont pris en compte dans le cadre de cette analyse.

La Wallonie est le petit poucet de la production porcine en Belgique. En 2021, malgré une belle progression (+ 28 %) sur ces 30 dernières années, le cheptel porcin wallon ne dépasse pas 6 % du cheptel national. La production porcine est présente dans 3 % des exploitations wallonnes. La taille du cheptel moyen est de 908 têtes mais ce chiffre varie fortement selon que l’exploitation soit spécialisée en élevage porcin ou qu’il s’agisse d’une activité de diversification en complément à une production principale.

La Wallonie n’est traditionnellement pas une terre de production porcine, mais contrairement à la Flandre, le nombre de porcs a progressé depuis 1990

En 2021, le nombre total de porcs détenus en Wallonie est de 382 222 têtes. Si le cheptel porcin a connu de nombreuses variations à la hausse comme à la baisse depuis 1990, il a sur cette période, progressé de 28 % connait une phase de légère progression depuis quelques années.

Evolution du nombre de porcs

 

Evolution du cheptel porcin :

Durant la décennie '80, le cheptel porcin wallon a fortement diminué, conséquence directe de la spécialisation des exploitations agricoles. Disposant, en moyenne, de superficies plus importantes que leurs collègues flamands, les agriculteurs wallons se sont spécialisés : dans les grandes cultures dans les régions plus fertiles et dans les productions bovines en régions plus herbagères. Présentant un rapport « main-d’œuvre/superficie » nettement plus élevé qu’en Wallonie, la Flandre a développé l’horticulture et l’élevage de granivores. Ce phénomène a été accentué par le développement des ports d’Anvers et de Gand, comme points d’importation de produits substituts des céréales dans l’alimentation animale, en raison de leur prix plus attractif.

Au début des années 1990, l’activité porcine en Wallonie a repris un peu d’essor, se développant comme source de diversification des revenus. Si la crise de la vache folle a eu tendance à doper la production porcine, la demande et le prix de la viande de porc ou encore la crise de la dioxine ont freiné cet élan et le cheptel a régressé de 5 % en 2000.

Lors de la décennie suivante, le cheptel a progressé de façon lente mais régulière. Cependant, une chute est observée en 2013, celle-ci provient d'un changement méthodologique au niveau de la comptabilisation des animaux. En 2014, la production a pu bénéficier d'un coût des aliments bas et d'un accroissement de la productivité. Après un rebond en 2015, le cheptel s’est globalement stabilisé autour de 375 000 têtes.

A la mi-septembre 2018, une nouvelle crise a frappé le secteur porcin. Le premier cas de sanglier infecté par la Peste Porcine Africaine (PPA) a été découvert en Gaume. Cette maladie, uniquement transmissible aux suidés, a impacté directement les élevages porcins de cette région, qui, pour des raisons sanitaires et par ordre de l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire (AFSCA), ont dû faire abattre leur cheptel et ont été soumis à une interdiction de repeuplement de leur exploitation jusqu’au 1er avril 2021.

 

- La Wallonie se tourne vers l’engraissement des porcs, l’élevage régresse depuis 1990

On distingue trois catégories d’animaux  : les porcelets de moins de 20 kg, les porcs destinés à l’engraissement et les porcs de reproduction (verrats et truies).

Le cheptel wallon se compose essentiellement de porcs à l’engrais (84 %). Alors que cette catégorie a évolué positivement (+ 89 %) depuis 1990, la Wallonie a perdu 70 % des porcs reproducteurs et 45 % des porcelets. Ceux-ci ne représentent plus que, respectivement, 3 % et 13 % de l’effectif porcin wallon.

Le phénomène observé en production porcine est à l’opposé de ce qu’on peut constater au niveau des élevages de bovins viandeux, ceux-ci nettement plus orientés vers l’élevage (naissage). Si la Wallonie est majoritairement une terre d’engraissement au niveau porcin, on en trouve l'explication au niveau national. Suite au développement de la production porcine en Flandre, de graves problèmes environnementaux et sanitaires, liés à la gestion des effluents notamment, sont apparus. Des mesures ont donc été prises en Flandre : limiter l’engraissement, favoriser le naissage, ou encore réaliser des contrats d’engraissement en intégration en Wallonie, région avec une pression sur le sol nettement moindre. Ce développement a conduit à une réorganisation de la production wallonne qui préfère s’orienter vers l’engraissement plutôt que vers le naissage dont les coûts d’installation sont plus importants.

La Flandre a observé la même tendance que la Wallonie mais nettement moins accentuée. Cette région a perdu 48 % de ses reproducteurs, 5 % de ses porcelets et 11 % des porcs à l’engrais.

Composition du cheptel porcin en 2021

Evolution du nombre de porcs selon leur catégorie

 

- La production porcine est majoritairement présente dans les exploitations spécialisées dans cette production

Lorsque l’on analyse ce facteur selon les orientations technico-économiques [OTE], seules les exploitations dites professionnelles sont considérées. En 2021, à peine 421 porcs sont élevés dans une exploitation non-professionnelle.

En 2021, 55 % du cheptel se trouve dans des exploitations spécialisées en élevage porcin, 17 % dans des exploitations de polyélevage et 9 % dans celles combinant cultures et granivores. En trois décennies, cette production a donc eu tendance à se spécialiser, comme ce fut le cas pour les grandes cultures et les bovins. La production porcine n’est plus uniquement une diversification mais devient la production principale dans ces exploitations. Cela se confirme car, depuis 1990, ces trois OTE sont passées de 54 % du cheptel à 81 %. Sur cette même période, la progression la plus importante s’observe au niveau des exploitations spécialisées en production porcine, qui ont vu leur nombre de porcs tripler.

Evolution du nombre de porcs des exploitations professionnelles selon l'OTE

 

- La Wallonie ne détient que 6 % des porcs, cependant la progression y est plus rapide qu’en Flandre

En 2021, deux porcs wallons sur cinq se trouvent en région limoneuse et un sur cinq dans le Condroz. Avec respectivement 15 % et 11 % de l’effectif, la région herbagère liégeoise et la Famenne font également partie du paysage porcin wallon.

La région jurassique est loin d’être la plus représentée dans cette production, avec en moyenne 2 100 porcs sur ces 30 dernières années soit moins de 1 % de l’effectif wallon. Mais, la crise de la peste porcine africaine [PPA], apparue le 13 septembre 2018, a projeté cette région et ses élevages porcins sur le devant de la scène. Pour des raisons sanitaires, les éleveurs de Gaume ont dû abattre leurs animaux suite à l’apparition de la maladie chez les sangliers. Cependant début de l’année 2021, l’interdiction de repeuplement liée à la présence de cette maladie a été levée, ce qui a permis aux éleveurs de reprendre leurs activités. Le nombre de porcs atteint 2 759 individus, soit 17 % de plus qu’avant la crise.

La répartition entre les régions agricoles était quelque peu différente en 1990 : la région limoneuse était déjà dominante (53 % de l’effectif) mais c’est la région herbagère liégeoise qui venait en seconde position avec un quart du cheptel. La progression la plus importante a été réalisée en Famenne où le nombre de porcs a été multiplié par 9.

La production porcine est concentrée dans les provinces de Hainaut (36 %) et de Liège (29 %). A partir des années 2000, la province de Namur a développé cette production pour atteindre, aujourd’hui, un cinquième de l’effectif wallon.

La Flandre a un effectif correspondant à 94 % du cheptel national. Depuis 1990, la Flandre a perdu 11 % de son cheptel alors que la Wallonie a progressé de 28 %. Malgré cela, l’effectif wallon reste faible au niveau national.

Répartition des porcs en Wallonie et en Belgique en 2021

Répartition des porcs par commune en 2021

 

La production porcine n’est présente que dans 3 % des exploitations wallonnes et, depuis 1990, le nombre de détenteurs a été divisé par cinq

En 2021, on dénombre 421 détenteurs de 10 porcs et plus en Wallonie ; la tendance à la hausse observée depuis 2018 se confirme. Cette activité ne concerne que 3 % des exploitations wallonnes alors qu’en 1990, elle était présente dans 7 % de celles-ci. En trois décennies, le nombre de détenteurs a été divisé par 5, soit une perte de 80 %.

Evolution du nombre de détenteurs de porcs

 

- La production porcine se spécialise au fil du temps

Presque la totalité des exploitations détenant des porcs (95 %) sont des exploitations dites professionnelles.

En 2021, un tiers des détenteurs gèrent une exploitation spécialisée en production porcine et 13 % une exploitation de polyélevage. Il y a trente ans, seuls 7 % des détenteurs travaillaient au sein d’une de ces deux OTE. Avec la spécialisation des exploitations au cours du temps, le nombre de détenteurs de porcs a doublé dans l’OTE spécialisée en production porcine alors qu’il a été divisé par six dans les autres OTE depuis 1990.

Cependant, malgré le phénomène de spécialisation, on constate qu’en 2021, la production porcine reste, pour presque les deux tiers des détenteurs, une diversification en complément à une production principale.

Evolution du nombre de détenteurs professionnels de porcs selon l'OTE

 

- La Wallonie compte 8 fois moins de détenteurs que la Flandre, situés majoritairement en région limoneuse

36 % des détenteurs sont localisés en région limoneuse. Le Condroz et la région herbagère liégeoise en hébergent respectivement 18 % et 15 %. La répartition entre les régions agricoles était relativement semblable en 1990 sauf pour la région limoneuse où la présence de détenteurs était plus importante (50 %) et, inversement, celle-ci était moindre dans le Condroz (11 %) et en Famenne (3 %).

En ce qui concerne les provinces, les détenteurs sont répartis sur l’ensemble de la Wallonie, avec une présence plus marquée dans le Hainaut (33 % des détenteurs) et dans la province de Liège (27 %). Dans les autres provinces, la production porcine est présente dans moins de 5 % des exploitations. Depuis 1990, le nombre de détenteurs a diminué de 70 % à 90 % selon la province.

La Flandre compte 8 fois plus de détenteurs que la Wallonie, soit 89 % de l’effectif du pays. Dans le nord du pays, cette production concerne 15 % des exploitations agricoles. La diminution du nombre de détenteurs depuis 1990 y a été légèrement moins importante qu’en Wallonie, avec une perte de 76 % des détenteurs de porcs.

Répartition des détenteurs de porcs en Wallonie et en Belgique en 2021

 

Avec la diminution du nombre de détenteurs, le cheptel moyen par exploitation a fortement augmenté depuis trente ans, mais ces dernières années, il se stabilise aux alentours de 950 têtes par exploitation

Le corolaire à la diminution du nombre de détenteurs a été le fort accroissement du cheptel moyen. En trois décennies, le cheptel moyen par exploitation est passé de 140 têtes à 908 têtes, en 2021. La taille de l’effectif moyen a donc presque été multipliée par6.

La taille du cheptel moyen dépend surtout du degré de spécialisation de l’exploitation. En Wallonie, la production porcine reste, dans presque les deux tiers des situations, une source de diversification en complément à une production principale, même si cette tendance semble s’inverser au fil du temps. Elle est fortement orientée vers la production de qualité différenciée.

En 2021, 31 % des détenteurs disposent d’un cheptel moyen compris entre 10 et 199 porcs, plus d’un tiers (35 %) ont un cheptel supérieur à 1 000 porcs, dont 9 % qui possèdent plus de 2 000 porcs.

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation

 

- La taille du cheptel moyen varie fortement selon l’orientation technico-économique

La taille du cheptel moyen dans les exploitations dites professionnelles varie fortement selon l’orientation techico-économique [OTE]. En 2021, dans les exploitations spécialisées en production porcine, le cheptel moyen avoisine les 1 700 têtes et pour celles ayant un atelier porcin important (exploitations de polyélevage ou combinant cultures et granivores), le cheptel moyen atteint entre 1 000 et 1 200 porcs. Dans les autres OTE, le cheptel moyen approche les 400 têtes.

Quelle que soit l’OTE où la production porcine est présente, le cheptel moyen a progressé depuis 1990.

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation selon l’OTE

 

- Le cheptel moyen par exploitation flamande est 80 % plus important qu'en Wallonie

En 2021, quatre régions agricoles disposent d’un cheptel moyen de plus de 900 têtes par exploitation : la région sablo-limoneuse, le Condroz, la région limoneuse et la région herbagère liégeoise. Les exploitations situées en Ardenne ont un cheptel moyen beaucoup plus faible (380 têtes).

Il y a trente ans, c’est la région herbagère liégeoise qui détenait le cheptel moyen le plus important avec 194 têtes. Avec un effectif moyen qui a été multiplié par 13, le cheptel du Condroz a connu la plus forte progression.

Le cheptel porcin moyen par province varie aux alentours de 1 000 porcs par exploitation dans les provinces de Hainaut et de Liège. A l’inverse, les éleveurs de la province de Luxembourg  disposent d’un cheptel moyen plus faible, de 633 porcs.

La progression la plus importante depuis 1990 est observée dans la province de Namur, passant d’un cheptel moyen de 103 à 902 porcs.

Le cheptel moyen en Flandre atteint 1 674 porcs, soit presque le double du cheptel moyen wallon, mais sa progression depuis 1990 a été moins accentuée même s’il a presque quadruplé.

Evolution du cheptel porcin moyen en Belgique

Nombre moyen de porcs par exploitation selon la région agricole ou la province en 2021