Cette fiche évoque le cheptel porcin élevé en Wallonie : l’effectif total, le nombre de détenteurs et l’effectif moyen par exploitation, actuellement et au cours du temps, selon les différentes orientations technico-économiques [OTE] et leur répartition géographique. Par convention, seuls les troupeaux d’au moins 10 porcs sont pris en compte dans le cadre de cette analyse.

La Wallonie est le petit poucet de la production porcine en Belgique avec seulement 6 % du cheptel national. Depuis plusieurs années, le cheptel wallon ne cesse de diminuer, malgré une belle progression (+ 15 %) sur ces 3 dernières décennies. La production porcine est présente dans 3 % des exploitations wallonnes. La taille du cheptel moyen est de 940 têtes mais ce chiffre varie fortement selon que l’exploitation soit spécialisée en élevage porcin ou qu’il s’agisse d’une activité de diversification en complément à une production principale.

La Wallonie n’est traditionnellement pas une terre de production porcine, mais contrairement à la Flandre, le nombre de porcs a progressé depuis 1990

En 2023, le nombre total de porcs détenus en Wallonie est de 342 382 têtes. Si le cheptel porcin a connu de nombreuses variations à la hausse comme à la baisse depuis 1990, il a progressé de 15 %. Cependant, depuis 2021, la tendance est à la baisse avec une diminution de 11 % sur cette période.

Evolution du nombre de porcs

Evolution du nombre de porcs

Evolution du nombre de porcs

 

Evolution du cheptel porcin :

Durant la décennie '80, le cheptel porcin wallon a fortement diminué, conséquence directe de la spécialisation des exploitations agricoles. Disposant, en moyenne, de superficies plus importantes que leurs collègues flamands, les agriculteurs wallons se sont spécialisés : dans les grandes cultures dans les régions plus fertiles et dans les productions bovines en régions plus herbagères. Présentant un rapport « main-d’œuvre/superficie » nettement plus élevé qu’en Wallonie, la Flandre a développé l’horticulture et l’élevage de granivores. Ce phénomène a été accentué par le développement des ports d’Anvers et de Gand, comme points d’importation de produits substituts des céréales dans l’alimentation animale, en raison de leur prix plus attractif.

Au début des années 1990, l’activité porcine en Wallonie a repris un peu d’essor, se développant comme source de diversification des revenus. Si la crise de la vache folle a eu tendance à doper la production porcine, la demande et le prix de la viande de porc ou encore la crise de la dioxine ont freiné cet élan et le cheptel a régressé de 5 % en 2000.

Lors de la décennie suivante, le cheptel a progressé de façon lente mais régulière. Cependant, une chute est observée en 2013, celle-ci provient d'un changement méthodologique au niveau de la comptabilisation des animaux. En 2014, la production a pu bénéficier d'un coût des aliments bas et d'un accroissement de la productivité. Après un rebond en 2015, le cheptel s’est globalement stabilisé autour de 375 000 têtes.

A la mi-septembre 2018, une nouvelle crise a frappé le secteur porcin. Le premier cas de sanglier infecté par la Peste Porcine Africaine (PPA) a été découvert en Gaume. Cette maladie, uniquement transmissible aux suidés, a impacté directement les élevages porcins de cette région, qui, pour des raisons sanitaires et par ordre de l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire (AFSCA), ont dû faire abattre leur cheptel et ont été soumis à une interdiction de repeuplement de leur exploitation jusqu’au 1er avril 2021.

 

- La Wallonie se tourne vers l’engraissement des porcs, l’élevage régresse depuis 1990

On distingue trois catégories d’animaux : les porcelets de moins de 20 kg, les porcs destinés à l’engraissement et les porcs de reproduction (verrats et truies).

Le cheptel wallon se compose essentiellement de porcs à l’engrais (84 %). Alors que cette catégorie a évolué positivement (+68 %) depuis 1990, la Wallonie a perdu 73 % des porcs reproducteurs et 48 % des porcelets, qui représentent désormais seulement 3 % et 13 % de l’effectif porcin. Depuis 2021, le cheptel a globalement diminué, avec une baisse plus marquée chez les porcs reproducteurs (- 16 %) et les porcs à l’engrais (- 12 %).

Le phénomène observé en production porcine est à l’opposé de ce qu’on peut constater au niveau des élevages de bovins viandeux, ceux-ci sont nettement plus orientés vers l’élevage (naissage). Si la Wallonie est majoritairement une terre d’engraissement au niveau porcin, on en trouve l'explication au niveau national. Suite au développement de la production porcine en Flandre, de graves problèmes environnementaux et sanitaires, liés à la gestion des effluents notamment, sont apparus. Des mesures ont donc été prises en Flandre : limiter l’engraissement, favoriser le naissage, ou encore réaliser des contrats d’engraissement en intégration en Wallonie, région avec une pression sur le sol nettement moindre. Ce développement a conduit à une réorganisation de la production wallonne qui préfère s’orienter vers l’engraissement plutôt que vers le naissage dont les coûts d’installation sont plus importants.

Quelques soit la catégorie, la Flandre, comme la Wallonie, a vu le cheptel diminuer depuis quelques années. La Flandre est majoritairement productrice de porcs à l’engrais (65 % du cheptel) mais 29 % de son cheptel est constitué de porcelet.

Composition du cheptel porcin en 2023

Composition du cheptel porcin en 2023

Composition du cheptel porcin en 2023

Evolution du nombre de porcs selon leur catégorie

Evolution du nombre de porcs selon leur catégorie

Evolution du nombre de porcs selon leur catégorie

 

- La production porcine est majoritairement présente dans les exploitations spécialisées dans cette production

Lorsque l’on analyse ce facteur selon les orientations technico-économiques [OTE], seules les exploitations dites professionnelles sont considérées. En 2023, à peine 225 porcs sont élevés dans les exploitations non-professionnelles.

En 2023, 57 % du cheptel se trouve dans des exploitations spécialisées en élevage porcin, 15 % dans des exploitations de polyélevage et 9 % dans celles combinant cultures et granivores. La diminution du cheptel porcin depuis 2020 s’observe principalement dans les exploitations en polyélevage (- 23 %) due à une réduction du cheptel moyen. Une baisse est également observée au niveau des exploitations spécialisées en élevage porcin (-7%) mais celle-ci est compensée en partie par une progression en 2023 grâce à l’augmentation du cheptel moyen. Les autres exploitations professionnelles non spécialisées en production porcine détiennent 18 % du cheptel. Celui-ci a également diminué mais contrairement aux autres cela est principalement dû à la diminution du nombre d’exploitations. 

En trois décennies, cette production a eu tendance à se spécialiser, comme ce fut le cas pour les grandes cultures et les bovins. La production porcine n’est plus uniquement une diversification mais devient la production principale dans ces exploitations. Cela se confirme car, depuis 1990, ces trois OTE sont passées de 55 % du cheptel à 82 %. Sur cette même période, la progression la plus importante s’observe au niveau des exploitations spécialisées en production porcine, qui ont vu leur nombre de porcs tripler.

Evolution du nombre de porcs des exploitations professionnelles selon l'OTE

Evolution du nombre de porcs des exploitations professionnelles selon l'OTE

Evolution du nombre de porcs des exploitations professionnelles selon l'OTE

 

- La Wallonie ne détient que 6 % des porcs, cependant la progression y est plus rapide qu’en Flandre

En 2023, deux porcs wallons sur cinq se trouvent en région limoneuse et un sur cinq dans le Condroz. Avec respectivement 14 % et 11 % de l’effectif, la région herbagère et la Famenne font également partie du paysage porcin wallon.

La région jurassique est loin d’être la plus représentée dans cette production, avec en moyenne 2 100 porcs sur ces 30 dernières années soit moins de 1 % de l’effectif wallon. Mais, la crise de la peste porcine africaine [PPA], apparue le 13 septembre 2018, a projeté cette région et ses élevages porcins sur le devant de la scène. Pour des raisons sanitaires, les éleveurs de Gaume ont dû abattre leurs animaux suite à l’apparition de la maladie chez les sangliers. Cependant début de l’année 2021, l’interdiction de repeuplement liée à la présence de cette maladie a été levée, ce qui a permis aux éleveurs de reprendre leurs activités. Cette reprise est marquée par une forte augmentation de la production en 2021 mais surtout en 2022. En revanche, en 2023, le nombre de porcs retrouve le niveau d’avant 2018.

La répartition entre les régions agricoles était quelque peu différente en 1990 : la région limoneuse était déjà dominante (53 % de l’effectif) mais c’est la région herbagère qui venait en seconde position avec un quart du cheptel. La progression la plus importante a été réalisée en Famenne où le nombre de porcs a été multiplié par 9.

La production porcine est concentrée dans les provinces de Hainaut (38 %) et de Liège (27 %). A partir des années 2000, la province de Namur a développé cette production pour atteindre, aujourd’hui, un cinquième de l’effectif wallon.

La Flandre a un effectif correspondant à 94 % du cheptel national. Depuis 1990, la Flandre a perdu 21 % de son cheptel.

Répartition des porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

Répartition des porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

Répartition des porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

Répartition des porcs par commune en 2023

Répartition des porcs par commune en 2023

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La production porcine n’est présente que dans 3 % des exploitations wallonnes et, depuis 1990, le nombre de détenteurs a été divisé par cinq

En 2023, on dénombre 364 détenteurs de 10 porcs et plus en Wallonie. C’est la deuxième année consécutive que ce chiffre diminue avec une réduction de 14 % depuis 2021.. Cette activité ne concerne que 3 % des exploitations wallonnes alors qu’en 1990, elle était présente dans 7 % de celles-ci. En trois décennies, le nombre de détenteurs a été divisé par 6, soit une perte de 82 %.

La diminution du nombre de détenteurs de porcs se marque particulièrement pour la catégorie « 50 à 199 porcs » (-27 producteurs soit -42%) et celle de « plus de 1 000 porcs » (-16 producteurs soit -11 %). La seule catégorie ayant légèrement progressé concerne les détenteurs de « 500 à 749 porcs » (5 producteurs soit +16 %).

Evolution du nombre de détenteurs de porcs

Evolution du nombre de détenteurs de porcs

Evolution du nombre de détenteurs de porcs

 

- La production porcine se spécialise au fil du temps

Presque la totalité des exploitations détenant des porcs (98 %) sont des exploitations dites professionnelles.

En 2023, 31 % des détenteurs gèrent une exploitation spécialisée en production porcine et 13 % une exploitation de polyélevage. Il y a 3 décennies, seuls 7 % des détenteurs travaillaient au sein d’une de ces deux OTE. Avec la spécialisation des exploitations au cours du temps, le nombre de détenteurs de porcs a doublé dans l’OTE spécialisée en production porcine alors qu’il a diminué dans les autres depuis 1990.

Cependant, malgré le phénomène de spécialisation, en 2023, la production porcine reste, pour presque les deux tiers des détenteurs, une diversification en complément à une production principale.

Evolution du nombre de détenteurs professionnels de porcs selon l'OTE

Evolution du nombre de détenteurs professionnels de porcs selon l'OTE

Evolution du nombre de détenteurs professionnels de porcs selon l'OTE

 

- La Wallonie compte 8 fois moins de détenteurs que la Flandre, situés majoritairement en région limoneuse

En 2023, 39 % des détenteurs sont localisés en région limoneuse. Le Condroz et la région herbagère en hébergent respectivement 18 % et 13 %. La répartition entre les régions agricoles était relativement semblable en 1990 sauf pour la région limoneuse où la présence de détenteurs était plus importante (50 %) et, inversement, celle-ci était moindre dans le Condroz (11 %) et en Famenne (3 %).

En ce qui concerne les provinces, plus de la moitié des détenteurs se trouvent dans la province du Hainaut (36 % des détenteurs) et dans celle de Liège (25 %).  Depuis 1990, le nombre de détenteurs a diminué de 70 % à 90 % selon la province.

La Flandre compte 8 fois plus de détenteurs que la Wallonie, soit 89 % de l’effectif du pays. Dans le nord du pays, cette production concerne 13 % des exploitations agricoles. La diminution du nombre de détenteurs depuis 1990 y a été légèrement moins importante qu’en Wallonie, avec une perte de 80 % des détenteurs de porcs.

Répartition des détenteurs de porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

Répartition des détenteurs de porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

Répartition des détenteurs de porcs en Wallonie et en Belgique en 2023

 

Avec la diminution du nombre de détenteurs, le cheptel moyen par exploitation a fortement augmenté en trois décennies

Le corolaire à la diminution du nombre de détenteurs a été le fort accroissement du cheptel moyen. En trois décennies, le cheptel moyen par exploitation est passé de 140 têtes à 941 têtes, en 2023. La taille de l’effectif moyen a donc presque été multipliée par 6,5. Alors que le cheptel moyen avait tendance à diminuer ces dernières années, ce n’est pas le cas en 2023.

La taille du cheptel moyen dépend surtout du degré de spécialisation de l’exploitation. En Wallonie, la production porcine reste, dans presque les deux tiers des situations, une source de diversification en complément à une production principale, même si cette tendance semble s’inverser au fil du temps. Elle est fortement orientée vers la production de qualité différenciée.

En 2023, 20 % des détenteurs disposent d’un cheptel moyen compris entre 10 et 199 porcs, plus d’un quart a un cheptel supérieur à 1 000 porcs, dont 6 % qui possèdent plus de 2 000 porcs.

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation

 

- La taille du cheptel moyen varie fortement selon l’orientation technico-économique

La taille du cheptel moyen dans les exploitations dites professionnelles varie fortement selon l’orientation technico-économique [OTE]. En 2023, dans les exploitations spécialisées en production porcine, le cheptel moyen est de 1 770 têtes et pour celles non spécialisées mais ayant un atelier porcin important (exploitations de polyélevage ou combinant cultures et granivores), le cheptel moyen avoisine les 1 000 porcs.

Quelle que soit l’OTE où la production porcine est présente, le cheptel moyen a progressé depuis 1990. Cependant en 2023 par rapport à l’année précédente, cette tendance ne s’observe que pour les exploitations spécialisées en production porcine.

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation selon l’OTE

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation selon l’OTE

Evolution du nombre moyen de porcs par exploitation selon l’OTE

 

- Le cheptel moyen par exploitation flamande est deux fois plus important qu'en Wallonie

En 2023, quatre régions agricoles disposent d’un cheptel moyen de plus de 1 000 têtes par exploitation : la région sablo-limoneuse, le Condroz, la région limoneuse et la région herbagère. Les exploitations situées en Ardenne ont un cheptel moyen beaucoup plus faible (436 têtes).

Il y a trois décennies, c’est la région herbagère qui détenait le cheptel moyen le plus important avec 194 têtes. Avec un effectif moyen qui a été multiplié par 12, le cheptel du Condroz a connu la plus forte progression.

Le cheptel porcin moyen par province se situe entre 990 à 1 270 porcs par exploitation exception faite des exploitations de la province de Luxembourg (600 porcs).

La progression la plus importante depuis 1990 est observée dans la province de Namur, passant d’un cheptel moyen de 103 à 1 266 porcs.

Le cheptel moyen en Flandre atteint 1 760 porcs, soit le double du cheptel moyen wallon, mais sa progression depuis 1990 a été moins accentuée même s’il a presque quadruplé.

Evolution du cheptel porcin moyen en Belgique

Evolution du cheptel porcin moyen en Belgique

Evolution du cheptel porcin moyen en Belgique

Nombre moyen de porcs par exploitation selon la région agricole ou la province en 2023

Nombre moyen de porcs par exploitation selon la région agricole ou la province en 2023

Nombre moyen de porcs par exploitation selon la région agricole ou la province en 2023