Cette fiche aborde les différentes catégories de main-d’œuvre rencontrées en Wallonie et leurs spécificités (sexe, âge, niveau de formation) : la main-d’œuvre régulière, qu’elle soit familiale (exploitants, conjoints et autres) ou non, et la main-d’œuvre saisonnière.

L’agriculture wallonne est un cadre de travail familial : 93 % des actifs réguliers font partie de la famille. Il s’agit d’une activité relativement individuelle puisque pratiquement deux tiers des exploitants travaillent sans avoir recours à de la main-d’œuvre complémentaire. L’exploitation wallonne type est gérée par un homme de 55 ans riche d’une expérience pratique uniquement. La main-d’œuvre agricole est majoritairement masculine (71 % des actifs réguliers). Les femmes actives en agriculture ont généralement un « statut » de conjointe.

Avertissement

Si l’exploitant est une personne morale, il n’y a pas de main-d’œuvre familiale. Toute la main-d’œuvre agricole de l’exploitation est considérée comme de la main-d’œuvre non familiale. C’est pourquoi cette fiche traitera exclusivement des exploitations en personne physique, soit 98 % des fermes en 1990 et 87 % en 2020.

 

L’agriculture revêt un caractère familial très important

En 2020, 93 % de la main-d’œuvre régulière totale sont issus du cercle familial : les exploitants en constituent nettement la part la plus importante avec 58 % du total. Les conjoints aidants et les autres membres de la famille rassemblent respectivement 17 % et 18 % du total. La main-d’œuvre régulière hors cadre familial ne représente que 7 % de la main-d’œuvre régulière.

L’activité agricole est relativement solitaire, quasiment deux tiers des exploitants travaillent seuls.

Une ferme sur trois est gérée par un exploitant masculin à temps plein. C’est le profil le plus rencontré en Wallonie. Les hommes représentent 71 % des actifs réguliers.

En 1990, le travail agricole était davantage une affaire de famille. Celle-ci représentait la quasi-totalité de la main-d’œuvre agricole (97 % des travailleurs réguliers). La proportion d’exploitants était identique à ce qui est observé en 2020, les conjoints aidants étaient plus présents (23 %). Ce rôle se masculinise ; alors que les hommes représentaient 10 % des conjoints aidants en 1990, ils sont 20 % en 2020. C’était déjà aussi une activité individuelle, avec un exploitant sur deux travaillant seul, mais ça l’est encore plus aujourd’hui.

Type de main-d’œuvre en 2020

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Le chef d’exploitation type est un homme âgé de 55 ans ayant bénéficié d’une expérience pratique uniquement

- L’âge moyen des chefs d’exploitations diffère selon l’orientation technico-économique et la taille de l’exploitation

En 2020, l’âge moyen du chef d’exploitation, professionnelle ou non, est de 55 ans[1]. Un chef sur cinq a moins de 45 ans, tandis qu’un sur deux a plus de 55 ans. En 1990, l’âge moyen était légèrement inférieur (51 ans) soit une progression d’un an tous les 10 ans.

Le caractère professionnel des exploitations ne joue pas sur l’âge moyen du chef d’exploitation mais l’orientation technico-économique semble avoir un impact. En effet, le chef d’exploitation est un peu plus jeune dans les fermes spécialisées en bovins laitiers (50 ans), et plus âgé dans les exploitations spécialisées en grandes cultures (56 ans). Une différence, certes moins marquée, était déjà présente en 1990 avec des chefs d’exploitation de trois ans plus jeunes dans les élevages spécialisés en bovins laitiers (46 ans).

Les exploitants sont moins âgés dans les exploitations de plus de 100 ha (51 ans) que dans les fermes de moins de 25 ha (58 ans). En trois décennies, c’est dans les fermes de moins de 75 ha que l’âge du chef d’exploitation a connu la plus grande progression. Ce phénomène peut éventuellement s’expliquer par une diminution de la taille des exploitations suite à une réduction graduelle des activités par les exploitants arrivant en fin de carrière lorsqu’ils n’ont pas de successeur.

[1] plus d'info via la pyramide des âges dans la fiche "Genre en agriculture"

Age moyen des chefs d’exploitation selon la taille de leur exploitation en 2020

 

- Le niveau de formation est lié à l’âge et à l’orientation technico-économique

On distingue trois niveaux de formation des chefs d’exploitation : la formation uniquement pratique, la formation agricole élémentaire et la formation agricole complète. En 2020, en Wallonie, un agriculteur sur deux dispose d’une formation uniquement pratique et presque un sur cinq d’une formation agricole complète. En agriculture, le savoir et le savoir-faire restent, pour la moitié des exploitants, avant tout tirés de leur expérience pratique personnelle et des connaissances transmises par leurs prédécesseurs (le plus souvent les parents).

Le niveau de formation des agriculteurs a toutefois progressé au cours du temps. En effet, en 1990, 7 agriculteurs sur 10 disposaient uniquement d’une expérience pratique et 11 % d’une formation complète. Plus les agriculteurs sont jeunes, plus le niveau de formation agricole s’élève, et cela quelle que soit l’époque. Ces constats peuvent certainement être généralisés pour l’ensemble de la Wallonie quel que soit le secteur économique.

Le niveau de formation des chefs d’exploitations horticoles est le plus élevé, avec un tiers des personnes disposant d’une formation complète. A l’inverse, peu de chefs d’exploitations spécialisées en bovins viandeux (19 %) ont reçu ce type de formation. Le niveau de formation est également élevé dans les exploitations spécialisées en grandes cultures ou en bovins laitiers. Cela peut peut-être s’expliquer par des avancées technologiques plus marquées au niveau de la phytotechnie et du machinisme agricole relatifs aux cultures ou encore aux machines à traire voire les robots de traite.

L’âge n’est pas le seul élément révélateur du niveau de formation. Le paragraphe qui précède donne à penser que l’orientation de production exerce également une influence sur le niveau de formation. En effet, les exploitations spécialisées en bovins viandeux sont gérées par des personnes plus âgées (moyenne de 55 ans) mais c’est également le cas des exploitations spécialisées en grandes cultures, dont pourtant un quart des actifs dirigeants ont reçu une formation complète.

Evolution du niveau de formation des chefs d'exploitation

Niveau de formation selon l’âge des chefs d’exploitation en 2020

Niveau de formation des chefs d’exploitation selon l’OTE en 2020