Cette fiche analyse la culture d’escourgeon selon une approche territoriale et une approche technico-économique. La première décrit la répartition des superficies de cette culture en région wallonne selon la super-région et selon l'orientation technico-économique [OTE]. La seconde analyse les facteurs influençant la marge brute de cette culture, et ce, pour l’ensemble des producteurs, en agriculture conventionnelle, du réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole [DAEA] ayant au moins 1 ha de culture d’escourgeon. Elle présente les différents éléments constituant la marge brute : les produits et les charges opérationnelles affectées à cette culture, sur l’ensemble du territoire et sur la zone orientée « grandes cultures ».
L’escourgeon ou orge d’hiver est la seconde céréale cultivée en Wallonie et est présent dans un cinquième des exploitations wallonnes, majoritairement celles spécialisées en grandes cultures. Cette céréale présente souvent une marge brute peu intéressante, en comparaison à d’autres cultures courantes. Toutefois, l’année 2021, avec une marge brute supérieure à 1 600 €/ha se démarque et arrive pratiquement au même niveau que celle de la culture de froment d’hiver.
Loin derrière le froment, l'escourgeon est la seconde céréale cultivée en Wallonie en 2021
Avec un peu plus de 21 800 ha en 2021, l’escourgeon est la seconde céréale cultivée en Wallonie. Cette céréale est présente dans moins d’un quart des exploitations wallonnes (2 537 producteurs), sur une superficie moyenne de 8,6 ha.
- Les exploitations cultivant de l’escourgeon dans le Condroz, y consacrent une SAU moyenne plus importante
Pour analyser l’influence des régions agricoles sur les cultures commerçables, on distingue trois « super- régions » que l’on suppose suffisamment homogènes sur le plan des techniques culturales et des résultats. Premièrement, la zone « grandes cultures » regroupant les régions limoneuse et sablo-limoneuse ainsi que la Campine hennuyère. C’est dans ces régions que les cultures commerçables sont les plus fréquentes et que l’on retrouve le plus d’exploitations spécialisées en grandes cultures. Deuxièmement, la zone « herbagère » composée des régions agricoles : région herbagère liégeoise, Fagnes, Famenne, région jurassique, Ardenne et Haute Ardenne. Ces régions sont plus spécialisées en élevage, surtout bovin, et le pourcentage de prairies y est important. Finalement, la zone « Condroz » qui est une région agricole intermédiaire. Cette subdivision de la Wallonie est réalisée pour obtenir un effectif suffisant pour comparer les zones entre elles et pour réaliser des analyses de classe de performance au sein d’une zone donnée (essentiellement la zone « grandes cultures »).
La zone « grandes cultures » rassemble 49 % de la SAU consacrée à l’escourgeon. Les producteurs de cette zone n’y consacrent cependant que 7,2 ha. Avec 35 % de la superficie dédiée à cette culture, le Condroz arrive en seconde position et se distingue par la plus grande superficie moyenne consacrée à cette culture : 12,3 ha. Etant donné la différence de superficie par exploitation entre ces deux régions, on retrouve 58 % des producteurs dans la zone « grandes cultures » et un peu moins d’un quart dans le Condroz.
La zone herbagère comprend 16 % de la SAU emblavée en escourgeon et les producteurs y cultivent en moyenne 8 ha.
- L’escourgeon est majoritairement cultivé par des exploitations spécialisées en grandes cultures
L’analyse des facteurs sur base des orientations technico-économiques [OTE] n’est effectuée que pour les exploitations dites professionnelles, c'est-à-dire dont la production brute standard totale est supérieure à 25 000 euros. Ces dernières couvrent 97 % de la superficie agricole utile [SAU] wallonne.
En 2021, 2 392 exploitations professionnelles gèrent 21 328 ha d’escourgeon. Un peu moins de 57 % de la superficie agricole utile [SAU] emblavée en escourgeon (12 086 ha) sont gérés au sein des exploitations spécialisées en grandes cultures. Ces exploitations représentent presque la moitié des producteurs d’escourgeon et en moyenne, ils y consacrent 10,8 ha. A l’opposé, les exploitations spécialisées en bovins laitiers ne gèrent qu’à peine 3,6 % de la SAU totale dédiée à cette culture et, celles qui en cultivent y consacrent 6,1 ha en moyenne.
Contrairement aux cultures de froment ou d’épeautre, le rendement de celle d’escourgeon est en hausse en 2021
En 2021, le rendement de la culture d’escourgeon s’établit à 8 371 kg/ha, soit à un niveau légèrement supérieur à la moyenne des dix dernières années (8 220 kg/ha). Il s’agit d’un rendement correct sans être exceptionnel.
Si le rendement a quelque peu progressé par rapport à l’année dernière, c’est surtout le prix des grains d’escourgeon qui a augmenté et atteint, en 2021, une valeur très intéressante de près de 234 €/tonne. Le prix n’était plus passé au-dessus de 200 €/tonne depuis 2012 (220 €/tonne). Il avait ensuite chuté jusqu’à moins de 128 €/tonne en 2016 avant d’osciller entre 145 à 185 €/tonne au cours des dernières années.
- En 2021, le rendement de la culture d’escourgeon en zone herbagère est supérieur à celui obtenu dans le Condroz
Pour l’année 2021, le rendement moyen de culture d’escourgeon est de 8 895 kg/ha en zone « grandes cultures », de 7 718 kg/ha dans le Condroz et de 7 987 kg/ha dans la zone herbagère. Le rendement de la zone herbagère est donc meilleur que celui observé dans le Condroz. On n’observe pas de différence de prix significative entre les zones considérées.
En 2021, si l’on compare les agriculteurs de la zone « grandes cultures » au niveau de leurs performances dans l’obtention d’une marge brute élevée, on observe un écart de rendement de près de 2 550 kg/ha. En outre, les plus performants obtiennent également un prix de vente nettement supérieur de l’ordre de 265 € tonne alors que les moins performants se contentent de 205 €/tonne.
En 2021, le produit principal de la culture d’escourgeon dépasse le seuil de 2 000 €/ha
En 2021, grâce à un prix très élevé du grain et un rendement correct, le produit principal de la culture d’escourgeon, c’est-à-dire issu de la valorisation du grain, atteint 2 040 €/ha. C’est nettement plus que la moyenne des dix dernières années qui est de l’ordre de 1 360 €/ha. A ce produit principal s’ajoute le produit de la paille qui s’établit à 239 €/ha.
L’évolution du produit principal de cette culture au cours des dix dernières années montre surtout un pic vers le haut en 2012, grâce à un prix élevé et un pic vers le bas en 2016, résultant d’un rendement et d’un prix très bas.
- Le différentiel entre les super-régions est inférieur à celui observé entre les classes de performances au sein de la zone « grandes cultures »
La comparaison entre les agriculteurs situés dans la zone « grandes cultures » et ceux de la zone herbagère révèle un différentiel de l’ordre de 210 €/ha de produit pour la culture d’escourgeon. Ce dernier s’établit à 1 926 €/ha dans la zone herbagère, à 1 902 €/ha dans le Condroz et atteint 2 132 €/ha dans la zone « grandes cultures ».
Si l’on compare les performances des cultivateurs pour la zone « grandes cultures », on relève un différentiel de produit de 1 114 €/ha entre les groupes extrêmes. Ainsi, les producteurs les moins performants, avec un rendement, mais surtout un prix plus faible, se contentent d’un produit de 1 505 €/ha alors que les plus performants obtiennent un produit de plus de 2 619 €/ha.
Le total des charges opérationnelles affectées reste limité pour cette culture
En 2021, les charges opérationnelles affectées, hors travaux par tiers, pour la culture d’escourgeon s’élèvent à 439 €/ha, montant équivalent à la moyenne des dix dernières années (431 €/ha). Ces charges opérationnelles affectées ont augmenté de 2010 à 2015 pour dépasser les 460 €/ha avant de diminuer un peu. Les dépenses en pesticides sont le poste le plus important et représente environ 40 %, suivi par les achats d’engrais avec 37 % et enfin de semences avec 21 %. Au début des années 2010, les achats des engrais étaient le poste le plus important.
L’escourgeon est une culture moins exigeante que celle du froment pour sa fertilisation. Elle se contente d’une fumure azotée d’environ 140 unités/ha. Les apports de phosphore sont de l’ordre de 12 unités/ha et ceux de potassium atteignent 17 unités/ha. Signalons que ces fumures phospho-potassique sont en général un peu plus élevées dans la zone herbagère. Il n’y a pas toujours de culture de tête de rotation nécessitant un apport important de ces éléments dans les assolements de ces exploitations.
A titre informatif, le montant dépensé pour les travaux par tiers est de 172 €/ha, en hausse par rapport à la moyenne des dix années précédentes qui est de 136 €/ha.
- Les producteurs d’escourgeon les plus performants arrivent à réduire leurs charges opérationnelles affectées de 75 €/ha
Le montant des charges opérationnelles affectées, entre les cultivateurs des diverses zones, ne présente pas de différence significative. On relève seulement que les dépenses en engrais sont un peu moins élevées dans la zone « grandes cultures ».
Au sein de la zone « grandes cultures », les agriculteurs les plus performants parviennent à épargner 75 €/ha sur leurs charges opérationnelles affectées par rapport aux moins performants. L’économie porte sur les semences et les engrais.
En 2021, la marge brute de la culture d’escourgeon dépasse 1 600 €/ha
En 2021, la marge brute du produit principal de la culture d’escourgeon, c’est-à-dire le grain, atteint 1 601 €/ha, les travaux par tiers n’étant pas compris dans les charges opérationnelles affectées. C’est un résultat équivalent à celui obtenu par la culture de froment et supérieur à celui de la betterave sucrière. Ceci relève d’une année exceptionnelle pour cette culture et ne doit pas masquer le fait que de 2010 à 2021, la marge brute est passée sous la barre des 1 000 €/ha à six reprises, descendant même à 335 €/ha en 2016.
Si l’on prend en compte le produit secondaire de la céréale, la paille, et les travaux par tiers dans les charges pour calculer la marge brute, elle atteint 1 669 €/ha.
- En 2021, le différentiel de marge brute entre les groupes de performance extrêmes atteint presque 1 200 €/ha
La marge brute du produit principal de la culture d’escourgeon varie d’un peu plus de 1 470 €/ha pour la zone herbagère à un peu plus de 1 706 €/ha pour la zone « grandes cultures ».
Au sein de la zone « grandes cultures », les producteurs les plus performants dégagent une marge brute de 2 216 €/ha, soit plus du double par rapport aux moins performants qui atteignent 1 027 €/ha. Si on prend en compte le produit de la paille et les travaux par tiers dans les charges opérationnelles affectées, les marges brutes des groupes de performances extrêmes atteignent respectivement 2 264 €/ha et 1 141 €/ha.