Cette fiche analyse la culture du colza selon une approche territoriale et une approche technico-économique. La première décrit la répartition des superficies de cette culture en région wallonne selon la super-région et selon l'orientation technico-économique [OTE]. La seconde analyse les facteurs influençant la marge brute de cette culture, et ce, pour l’ensemble des producteurs, en agriculture conventionnelle, du réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole [DAEA] ayant au moins 1 ha de culture de colza. Elle présente les différents éléments constituant la marge brute : les produits et les charges opérationnelles affectées à cette culture sur l’ensemble du territoire régional.
La culture de colza, dont près de la moitié de la surface se trouve dans le Condroz, totalise moins de 7 500 ha en 2021. Après de nombreuses années avec un prix peu intéressant, le cours du colza est remonté et passe la barre des 600 €/tonne, en 2021, engendrant une marge brute qui dépasse les 1 500 €/ha.
L’intérêt pour la culture de colza en Wallonie en déclin
Ces dernières années, la culture de colza a perdu en intérêt aux yeux des producteurs. A peine 769 exploitants, soit 6 % des agriculteurs cultive du colza et ces cultures s'étendent sur un peu moins de 7500 ha en 2021. Ces derniers en cultivent, en moyenne 9,7 ha. La superficie emblavée en colza, qui dépassait les 10 000 ha en 2018, diminue depuis. Les conditions extrêmement sèches de 2018 et 2019 ayant impacté les semis mais également les rendements, cumulées au prix de vente peu intéressant de 2013 à 2018, ont probablement eu une influence dans les choix culturaux des agriculteurs.
- Presque la moitié de la superficie emblavée en colza se trouve dans le Condroz
Pour analyser l’influence des régions agricoles sur les cultures commerçables, on distingue trois « super- régions » que l’on suppose suffisamment homogènes sur le plan des techniques culturales et des résultats. Premièrement, la zone « grandes cultures » regroupant les régions limoneuse et sablo-limoneuse ainsi que la Campine hennuyère. C’est dans ces régions que les cultures commerçables sont les plus fréquentes et que l’on retrouve le plus d’exploitations spécialisées en grandes cultures. Deuxièmement, la zone « herbagère » composée des régions agricoles : région herbagère liégeoise, Fagnes, Famenne, région jurassique, Ardenne et Haute Ardenne. Ces régions sont plus spécialisées en élevage, surtout bovin, et le pourcentage de prairies y est important. Finalement, la zone « Condroz » qui est une région agricole intermédiaire. Cette subdivision de la Wallonie est réalisée pour obtenir un effectif suffisant pour comparer les zones entre elles et pour réaliser des analyses de classe de performance au sein d’une zone donnée (essentiellement la zone « grandes cultures »).
Comparativement aux autres productions végétales présentes en Wallonie, la culture de colza se distingue par sa localisation majoritairement concentrée dans le Condroz. La moitié de la superficie emblavée en colza se situe dans cette région agricole et 46 % des producteurs condruziens y consacrent, en moyenne, 10,6 ha.
Avec 29 % de la superficie dédiée à cette culture, la zone « grandes cultures » arrive en seconde position et est suivie par la zone herbagère qui en regroupe moins de 21 %.
- L’essentiel du colza est cultivé au sein des exploitations spécialisées en grandes cultures
L’analyse des facteurs sur base des orientations technico-économiques [OTE] n’est effectuée que pour les exploitations dites professionnelles, c'est-à-dire dont la production brute standard totale est supérieure à 25 000 euros. Ces dernières couvrent 97 % de la superficie agricole utile [SAU] wallonne.
En 2021, seulement 735 exploitations professionnelles ont cultivé du colza (7 347 ha). Plus de 71 % de cette superficie (5 233 ha) se retrouvent au sein des exploitations spécialisées en grandes cultures et plus de 15 % sont cultivés par les exploitations combinant cultures et bovins. Les exploitations avec d'autres OTE ne semblent guère intéressées par cette culture.
L’année 2021 se caractérise par un rendement plutôt faible mais largement compensé par un prix très élevé
En 2021, le rendement de la culture de colza s’établit à 3 430 kg/ha, soit un niveau bien inférieur à la moyenne des dix années précédentes qui est de l’ordre de 3 800 kg/ha. Ce mauvais rendement s’explique par des conditions très sèches lors du semis, des vols massifs de méligèthes, une floraison tardive et ralentie par le froid printanier et enfin des difficultés lors de la récolte avec de la verse.
En revanche, le prix de vente de la graine de colza a enregistré une hausse exceptionnelle par rapport aux années précédentes et atteint, en 2021, une valeur de 600 €/tonne, supérieure à la moyenne des dix dernières années qui s’établit à 360 €/tonne. Les emblavements européens ayant fortement diminué à la suite des résultats médiocres de 2018 et 2019, la loi de l’offre et de la demande a permis, début 2021, une amorce de remontée des prix des graines de colza dont les stocks sont relativement bas. Les mauvais rendements au Canada, important producteur, ont accentué le phénomène.
- Dans le Condroz, région principale où l’on trouve la culture de colza, le rendement atteint 3 560 kg/ha
Contrairement aux cultures de betteraves sucrières et de chicorées localisées majoritairement dans la zone « grandes cultures », la culture de colza se rencontre majoritairement dans le Condroz. Le rendement, dans cette région agricole, y est de l’ordre de 3 560 kg/ha en 2021, très similaire à celui observé dans la zone « grandes cultures ».
En zone herbagère, le nombre d’observations n’est pas suffisant pour fournir une moyenne représentative.
Le nombre d’observations, tant dans le Condroz que dans la zone "grandes cultures" n’est pas suffisant pour faire une analyse des groupes de performance.
En 2021, tiré par une flambée des prix, le produit principal de la culture du colza atteint 2 066 €/ha
En 2021, le produit principal de la culture de colza, issue de la valorisation de la graine, s’établit à 2 066 €/ha. C’est 630 €/ha de plus que la moyenne des dix années précédentes (1 430 €/ha). La hausse importante du prix a donc bien compensé le mauvais rendement de cette année.
Quelques agriculteurs récupèrent, parfois, la paille de colza utilisée comme source de fibre dans une ration ou comme litière bien que son pouvoir absorbant soit moindre que celui des pailles de céréales. Toutefois, l’été 2021 particulièrement humide n’a pas souvent permis de récolter ce sous-produit qui est donc nul pour cet exercice.
- En 2021, peu de différences apparaissent entre les zones au niveau du produit principal de la culture
Dans le Condroz, le produit principal de la culture de colza, issue de la valorisation de la graine, est de 2 150 €/ha et de 2 090 €/ha dans la zone « grandes cultures ».
En zone herbagère, le nombre d’observations n’est pas suffisant pour fournir une moyenne représentative.
Le total des charges opérationnelles affectées pour cette culture reste constant dans le temps
En 2021, les charges opérationnelles affectées, hors travaux par tiers, pour la culture de colza s’élèvent à 542 €/ha, soit un montant équivalent à la moyenne des dix années précédentes (530 €/ha). Les dépenses en engrais sont légèrement supérieures à celles en pesticides et représentent respectivement 45 % et 41 %. La part des achats de semences est de 12 %.
La fertilisation azotée du colza est assez importante et atteint en moyenne 180 unités/ha. Les apports de phosphore sont de l’ordre de 33 unités/ha et ceux de potassium atteignent 57 unités/ha.
A titre informatif, le montant dédié aux travaux par tiers était de 137 €/ha, valeur un peu supérieure à la moyenne des dix années précédentes (115 €/ha).
On n’observe pas de différences significatives pour le montant des charges opérationnelles affectées entre le Condroz et la zone « grandes cultures ». En zone herbagère, le nombre d’observations n’est pas suffisant pour fournir une moyenne représentative.
Pour la deuxième année consécutive, en 2021, la marge brute de la culture de colza fait un bond de 350 €/ha
En 2021, la marge brute de la culture de colza atteint 1 523 €/ha, les travaux par tiers n’étant pas compris dans les charges opérationnelles affectées. Cette valeur est supérieure à la moyenne des dix années précédentes qui est d’un peu moins de 900 €/ha. Comme en 2020, la marge brute enregistre une hausse marquée. Ce bon résultat ne doit pas masquer le fait que durant la période 2011 – 2021, la marge brute de la culture du colza s’est retrouvée sous le seuil de 1 000 €/ha à six reprises.
En considérant les travaux par tiers dans les charges opérationnelles affectées et le faible produit secondaire, la marge brute s’établit à 1 387 €/ha.
- La marge brute dans le Condroz et celle en zone « grandes cultures » sont comparables
La marge brute du produit principal pour la culture de colza suit les faibles écarts observés pour le rendement entre les régions. Ainsi, cette marge brute atteint 1 556 €/ha en zone de « grandes cultures » alors qu’elle est de 1 633 €/ha dans le Condroz.
En zone herbagère, le nombre d’observations n’est pas suffisant pour fournir une moyenne représentative.