Cette fiche présente l’évolution des prix à la production (prix perçus) et des prix des moyens de production (prix payés) pour le secteur agricole belge. Les indices des prix agricoles (IPA) permettent d’analyser l'évolution des prix. Ils sont établis pour la Belgique et sont comparés à l’année base de 2020 qui sert d’année de référence.
En 2023, la flambée des prix record de 2022 pour les facteurs étudiés se modère. L’indice global des prix agricoles de 2023 continue à progresser légèrement. Concernant les végétaux, le prix des betteraves sucrières et celui des pommes de terre progressent fortement à l’inverse de celui des céréales qui diminue fortement. Au niveau de l’élevage, les indice des prix de la viande bovine et porcine sont en hausse, alors que celui du lait est en forte baisse. L’horticulture est le secteur où le prix à le plus progressé. Dans le même temps, les prix de certains moyens de production (énergie, engrais, …) diminuent.
L’indice global des prix de 2023 progresse légèrement ; celui de l’horticulture augmente de façon plus marquée
L'indice global des prix à la production en 2023 connaît une très légère augmentation par rapport à 2022, atteignant 149,4 contre 147,4 l'année précédente. Cependant, cette augmentation peut presque être qualifiée de stagnation après la forte progression de 2022 où l'indice global des prix avait bondi de 40 points en une seule année. En revanche, l'indice des prix horticoles suit une tendance inverse aux prix agricoles. Après une légère baisse en 2022, il enregistre une hausse significative en 2023.
- L’indice des prix des produits végétaux issus de l’agriculture est notamment marqué par les prix très fluctuants des pommes de terre
Le prix des pommes de terre en 2023 continue la hausse déjà fortement présente en 2022. En l’espace de 3 ans, l’indice a doublé. Cette fluctuation cyclique est typique pour les pommes de terre. Il est utile de rappeler que les pommes de terre peuvent être commercialisées sur deux types de marché : le marché libre, qui est régi par la loi de l’offre et de la demande, et le marché à terme, qui repose sur des contrats négociés a priori entre producteurs et transformateurs. Seul le marché libre est intégré dans les chiffres présentés. Ce dernier ne concerne que les pommes de terre de conservation destinées à l’industrie. Pour le marché du frais ou pour la filière chips, le marché est très majoritairement contractuel. Généralement, pour cette culture, on observe une corrélation inverse entre le rendement et le prix.
Après de nombreuses années avec un indice des prix relativement stable, le prix des betteraves sucrières continue sa hausse entamée en 2021 pour atteindre en 2023, un niveau record. Cette augmentation du prix du sucre en Belgique ces dernières années s’explique par l’augmentation du cours mondial du sucre. En effet, ce cours a été influencé par différents facteurs tel que la guerre en Ukraine, l’augmentation du prix de l’énergie mais également les aléas climatiques en Inde et au Brésil, deux pays producteurs de sucre qui présentent de faibles récoltes.
Le prix des céréales est en forte baisse (-29 %) pour l’année 2023 par rapport à 2022, année record. Le prix global des céréales dépend principalement de celui du froment, principale culture céréalière belge. Malgré la baisse observée, ce prix reste au-dessus de la moyenne des 10 années précédentes.
- L’indice des prixde la viande bovine et porcine est en hausse, celui du lait, en forte baisse
L’indice des prix de la viande bovine continue sa hausse, légère mais constante, entamée en 2016. En 2023, il progresse de 2 % par rapport à 2022 pour atteindre une valeur record. L’année 2023 est caractérisée par une baisse de la demande européenne pour la viande. Le prix de vente des bovins culards est en légère hausse tandis que celui des races rustiques baisse en fin d’année.
Après l’année record de 2022, l’indice du prix du lait de 2023 diminue de 20 %. Ce prix reste toutefois largement supérieur à la moyenne des 10 années précédentes. Cette diminution peut s’expliquer par le fléchissement des échanges internationaux (dont la Chine) ainsi que la diminution du cours du beurre et de la poudre de lait écrémé.
Depuis l’année catastrophique de 2021 pour le secteur porcin belge, son prix poursuit sa forte hausse débutée en 2022. En 2023, l’indice de prix est nettement supérieur à celui de la moyenne des 10 années précédentes. La diminution d’abattage participe à cette baisse des prix. L’élevage porcin belge, comme européen connait un recul important dans son volume de production. On observe une baisse de 11 % du nombre d’abattages en Belgique en 2023 par rapport à 2022. Principalement à cause des épidémies de peste porcine africaine et des prix élevés des matières premières et les incertitudes quant aux règlementations concernant le bien-être animal et sur l’environnement. Cette diminution est renforcée par une diminution du nombre de producteurs de porcs en Flandre suite à une prime à l’arrêt de production de porcs. Il est important de noter que le marché belge de la viande porcine est un secteur fortement intégré dans l'Union européenne et dans le reste du monde et que les événements en dehors de Belgique ont un impact significatif sur le marché.
- Quelle que soit la production l’indice des prix horticoles est en hausse en 2023
Le cours du marché des poires grimpe fortement en 2023 (+ 26 % par rapport à 2022). Cette valeur est largement supérieure à celle de la moyenne des 10 années précédentes mais ne bat par le record observé en 2013. Les prix sont également favorables, en raison d'une pénurie de poires sur le marché européen. En effet, l'Italie, autrefois le principal producteur de poires en Europe, a connu une récolte très faible en raison des intempéries survenues en mai 2023.
L’indice des prix des pommes en 2023 connait également une hausse, + 39 % par rapport à 2022, année particulièrement mauvaise pour les pommes. Cependant cet indice reste en dessous de la barre de référence durant l’année 2023.
L’indice des prix des légumes en plein air présente une augmentation importante pour 2023 avec une progression de 21 % par rapport à 2022. L’indice de 2023 atteint un seuil record. Cet indice est principalement tiré par la forte augmentation du prix des laitues et des poireaux.
En 2023, l’indice des prix des moyens de production n’atteint plus le niveau record de 2022 mais, à l’exception des intérêts, reste largement supérieur à la moyenne des 10 années précédentes
Les moyens de production reprennent l’ensemble des éléments qui participent à la production. Il s’agit des consommations intermédiaires (énergie, engrais, aliments), des investissements, de la rémunération de la main-d’œuvre salariée, de la rémunération des terres agricoles (fermages) ainsi que des intérêts.
Bien que leur augmentation ne soit pas aussi marquée qu’en 2022, les moyens de production continuent à augmenter, à l’exception des consommations intermédiaires.
- L’indice de prix des consommations intermédiaires régresse mais reste largement supérieur à la moyenne des 10 années précédentes
En 2023, l’indice des prix des consommations intermédiaires (bien et services nécessaires à la production) diminue par rapport à l’année record de 2022 (- 11 %) mais reste largement supérieur à la moyenne des 10 années précédentes. Même si cela reste largement supérieure à l’indice des prix des années précédente, le prix de l’énergie et donc indirectement celui des engrais ont fortement diminué par rapport à l’année record qu’est 2022.
Le prix à la consommation de l’énergie (mazout de chauffage et carburants) est déterminé principalement par l’évolution du cours du pétrole sur les marchés internationaux. Les prix de l’électricité et du gaz sont, pour leur part, découplés des cours du pétrole, bien qu’ils en subissent indirectement les conséquences.
En 2023, le cours du baril de Brent (en clôture à Londres) a fluctué à la baisse pour atteindre 78 $ USD le baril en fin d’année 2023 (soit, une baisse de 11,5 % pour l’année 2023). Plusieurs éléments ont participé à cette baisse dont des tensions pesant sur l’économie mondiale (hausse des taux d’intérêts en Europe et aux Etats-Unis) et à la dégradation de la conjoncture économique mondiale[1].
A l’origine de la diminution des prix des engrais, se trouve celle des prix de l’énergie. La production d’engrais, tout particulièrement azotés, est en effet gourmande, plus précisément en gaz.
A l’origine de la diminution des prix des engrais, se trouve celle des prix de l’énergie. La production d’engrais, tout particulièrement azotés, est en effet gourmande, plus précisément en gaz. La baisse s’explique par la baisse de la demande (vu les prix élevés) et par la diminution du prix du gaz au niveau de l’été 2021.
Malgré une baisse sensible, le prix des aliments reste élevé, notamment les composants riches en protéine tels que le soja qui sont devenus de plus en plus chers au cours de l’année 2023.
- Les autres moyens de production évoluent tous mais avec des intensités différentes
Les investissements comprennent le matériel (tracteurs) et les ouvrages (bâtiments) d'exploitation. Le coût de ces investissements dépend du prix de l’énergie, de l’utilisation de nouveau type de matériaux, de plus en plus performants et de plus en plus complexes, nécessitant souvent plus d’énergie à leur fabrication ce qui entraîne un coût en augmentation. En 2023, l’indice reste relativement stable par rapport à 2022 mais est toutefois 31 % supérieur à la moyenne des 10 années précédentes
L’indice des salaires illustre l’évolution du coût horaire moyen de la main-d’œuvre agricole au sein du réseau de comptabilité. Depuis 2015, une augmentation stable est observée annuellement. Pourtant, 2023 fait exception avec une augmentation bien supérieure (+ 13 % par rapport à 2022). Cette année (avec un effet retard) a, en effet, été marquée par l’inflation qui a atteint au cours de cette période des taux record. L’indexation (automatique) des salaires étant liée à l’évolution du coût de la vie, cette inflation a un impact sur les coûts salariaux.
Alors que les indices détaillés dans cette fiche sont d’application sur l’ensemble du territoire belge, les fermages se distinguent par une augmentation différente selon les régions, le système de calcul de coefficient de fermage étant régionalisé. En 2023, l’indice est en augmentation de 5% par rapport à 2022 mais elle n’est en augmentation que de 4 % par rapport à la moyenne des 10 années précédentes. Ces coefficients sont établis par la Direction de l’analyse économique agricole sur base de l’évolution des revenus du travail et de l’indice de prix à la consommation.
Les intérêts, quant à eux, alors qu’ils ont diminué pendant plusieurs années, ont vu leur indice augmenter. La hausse des taux d'intérêt en 2022 et 2023 est due à l'inflation, qui a atteint 4,06 % en Belgique en 2023. L'inflation a également atteint 10,6 % dans la zone euro. Pour lutter contre cette inflation, la Banque Centrale Européenne a augmenté ses taux d'intérêt ce qui a impacté ceux de notre pays.
[1] Datalab juillet 2024