Cette fiche présente les comptes macro-économiques de l’agriculture wallonne. Elle offre une vue globale du fonctionnement économique de ce secteur en Wallonie. Les productions ainsi que les consommations intermédiaires agricoles sont analysées.

La valeur de la production agricole et horticole wallonne s’élève, en euros courants, à 2,58 milliards d’euros en 2022. Il s’agit de la plus haute valeur observée. Elle est composée principalement de la production de lait, de viande bovine et de céréales. Parallèlement à cette augmentation, les consommations intermédiaires, qui étaient précédemment relativement stables dans le temps jusqu’en 2020, explosent à 1,5 milliard d’euros.

Après des années de relative stabilité, l’augmentation de valeur de la production agricole et horticole déjà observée en 2021 s’accentue  

En 2022, la valeur de la production agricole et horticole de la Wallonie s’élève à 2,58 milliards d’euros, en augmentation d’environ 25 % par rapport à 2021, année déjà bonne et de 35 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Cette valeur est la plus haute jamais observée.

Cette augmentation est surtout dopée par un effet prix, en particulier pour les végétaux et dans une moindre mesure pour les animaux. L’effet volume, en diminution, est contrasté entre les productions animales et végétales. Dans les filières d’élevage, le volume diminue suite à l’effet combiné de cheptels en réduction et d’un niveau de production moindre. Par contre, en production végétale, les conditions météorologiques n’étaient pas trop mauvaises et le manque de précipitations du printemps n’a pas trop altéré la production.

Variation des indices de valeur, de quantité et de prix de la production agricole wallonne

 

- La viande bovine et le lait constituent depuis de nombreuses années les productions agricoles wallonnes les plus importantes en valeur. En 2022, leur valeur totale atteint plus de 1 milliard d’euros

Les productions agricoles et horticoles peuvent être réparties en 3 catégories : les productions animales, les grandes cultures et l’horticulture. La valeur des productions animales représente 59 % de la valeur de production totale en 2022. Alors que cette proportion avait tendance à diminuer d’années en années, on observe en 2022 une augmentation tant pour les animaux que pour leurs produits. Plus spécifiquement, le lait et ses dérivés constituent la première production agricole wallonne, avec une valeur de 0,77 milliard d’euros. La viande bovine arrive en seconde position avec 0,49 milliard d’euros. En troisième position se trouvent les céréales avec une valeur de 0,44 milliard d’euros.

Depuis une quinzaine d’années, le podium pour la contribution à la production agricole et horticole wallonne est presque toujours composé de ces trois productions. Il est important de préciser que précédemment, les betteraves sucrières occupaient la troisième place et non les céréales.

En 2022, le volume de lait livré en Wallonie a augmenté par rapport à 2021 et est 20 % plus élevées que la moyenne des 5 dernières années. Par ailleurs, le prix du lait s’est amélioré. Ces deux impacts entrainent une augmentation de la valeur de production du lait (+45 %).

Le marché de la viande bovine a été porteur en 2022. Bien que le volume de carcasses est environ 3,5 % inférieure à 2021, les prix progressent et ce pour toutes les conformations. Finalement, la valeur de la production bovine est en augmentation.

La valeur de production des céréales a augmenté. Le volume des céréales d’hiver a augmenté grâce à de meilleurs rendements. La récolte 2021 avait été marquée par la pluviosité et les mauvais rendements passés ont conduit à un recul des superficies ensemencées pour la récolte 2022. Parallèlement à cette hausse de la production, les prix au producteur ont grimpé. Lors de la précédente campagne, une contraction de l’offre fin 2021 avait déjà conduit à une première remontée de prix. Celle-ci s’était ensuite accentuée en mars 2022 avec le début du conflit en Ukraine.

La culture de pommes de terre regagne du terrain en Wallonie avec une augmentation de 2,2 % des superficies plantées. Cependant, le volume est en baisse car cette hausse de superficie est loin de compenser la baisse des rendements de 2022. Ceux-ci sont en effet plus faibles que ceux des années précédentes en raison de la sécheresse. Il s’agit de rendements bruts sortie champ, cependant la tare « pommes de terre » (vertes, difformes, crevassées, pourries…) est particulièrement faible cette année. Les prix, par contre, ont été meilleurs qu’en 2021.

Pour cette campagne betteravière, les conditions sèches observées juste après le semis ont forcé les jeunes plants à s’installer en développant leur système racinaire en profondeur (les réserves en eau étant également à ce moment élevées) et leur ont permis de supporter le manque de précipitations estival conduisant à une augmentation de rendement de 8 % environ. Les producteurs sont parvenus à négocier avec les raffineries des prix minimums plus élevés que pour des contrats précédents. De plus, le prix du sucre qui sert, en partie, de référence pour la fixation des prix, a augmenté.

Structure des valeurs des productions agricoles et horticoles en Wallonie en 2022

Valeur des principaux produits agricoles wallons

 

- La Wallonie tient une place importante dans la production belge de céréales et de betteraves

En 2022, la Wallonie contribue pour environ un quart de la valeur de la production finale belge, or sa SAU correspond à 55 % de la SAU belge. La Wallonie et la Flandre présentent en réalité des profils de production différents : environ 80 % de la valeur de la production wallonne proviennent des productions bovines et des grandes cultures, alors que la Flandre est davantage tournée vers l’horticulture et les granivores. Ces dernières productions sont moins liées à la terre que les productions phares wallonnes, ce qui permet à la Flandre, malgré une superficie totale moindre, de participer pour 75 % à la valeur de la production finale belge.

Grâce à la valeur apportée par les betteraves sucrières et le froment, la Wallonie participe de manière significative, par rapport à la Flandre, à la valeur totale de la production belge des grandes cultures. A l’inverse, les cultures horticoles et les élevages de granivores wallons ont un faible poids à l’échelle de la Belgique.

Structure de la valeur de la production agricole et horticole finale en Wallonie et en Flandre en 2022

Part de chaque spéculation de l’agriculture wallonne dans l’agriculture belge en 2022

 

Les consommations intermédiaires wallonnes avoisinent 1,5 milliard d’euros et augmentent après une stabilisation de plusieurs années

Les consommations intermédiaires de l’agriculture sont les biens et services effectivement consommés sur une année civile pour réaliser la production. Afin de comparer les régions, nous avons répertorié les consommations intermédiaires en 4 catégories : les cultures (charges en engrais, semences et produits phytopharmaceutiques), les animaux (charges en aliments et frais vétérinaires), l’énergie (charges en carburants et autres) ainsi qu’une catégorie autre (frais d’entretien, assurances, travaux par tiers, etc.).

Depuis 2017, la valeur des consommations intermédiaires augmentait faiblement d’année en année. Cependant, en 2021, une forte hausse est observée et en 2022 cette augmentation a continué permettant à cette valeur d’atteindre 1,5 milliard d’euros. Cette valeur est la plus haute depuis des années. En 2021, cette augmentation était la conséquence d’une forte augmentation des prix, les volumes ayant diminué. En 2022, par contre, l’effet volume est beaucoup plus important que l’effet prix. La principale hausse de prix concerne le gaz car celui-ci est à la fois un combustible pour le secteur mais rentre aussi dans la composition des engrais d’où la forte augmentation des prix cette année.

Au-delà de l’énergie, le prix de l’alimentation animale a également progressé entrainant un impact défavorable sur la rentabilité des différentes filières d’élevage. La hausse exceptionnelle des prix des céréales et des oléoprotéagineux sur les marchés européens et mondiaux impacte positivement la rentabilité de ces cultures mais a un effet négatif sur les filières d’élevage.

Variation des indices de valeur, de volume et de prix des consommations intermédiaires wallonnes

 

- Plus d’un tiers de la valeur des consommations intermédiaires provient des achats d’aliments

Les aliments représentent près de 40 % de la valeur des consommations intermédiaires avec environ 0,58 milliard d’euros. Les produits animaux étant les principaux créateurs de valeur ajoutée en Wallonie, il y a donc un lien indéniable entre ces deux éléments. Les engrais arrivent en seconde position avec une part de 12 %, alors qu’ils participaient précédemment à environ 8 % des consommations intermédiaires dépassant même le poste « travaux par tiers et assurances ».

Répartition des consommations intermédiaires en Wallonie en 2022

 

- La Wallonie a un profil moins énergivore que la Flandre

Tout comme les productions agricoles, les consommations intermédiaires wallonnes ont un profil différent de celles de la Flandre. Dans le Nord du pays, près des 2/3 des consommations intermédiaires concernent les aliments et l’énergie. Alors que ces postes atteignent 50 % en Wallonie. Les spéculations horticoles et les granivores utilisent, en effet, de grandes quantités d’énergie pour les systèmes de ventilation et/ou de chauffage, et les granivores ne consomment pas ou peu de fourrages grossiers, ce qui conduit à la consommation de grandes quantités d’aliments composés qui sont achetés.

En 2022 en Wallonie, les consommations d’aliments sont valorisées à 0,58 Milliard d’euros soit 30 % de plus qu’en 2021. Par contre, la diminution du volume d’aliment observée au niveau européen est corrélée à la diminution en volume de la production animale.

Répartition des consommations intermédiaires en Wallonie et en Flandre en 2021