Cette fiche traite des troupeaux bovins destinés à la production laitière : le nombre de détenteurs, leurs effectifs total et moyen ainsi que leur évolution au cours du temps, selon les différentes orientations technico-économiques [OTE] et leur localisation sur le territoire. Par convention, seuls les troupeaux d’au moins 5 vaches laitières sont pris en considération dans le cadre de cette analyse.
Le nombre moyen de vaches laitières par exploitation a fortement progressé depuis 1990 pour atteindre en 2022, 67 têtes. Ce phénomène résulte d’une diminution plus rapide du nombre de détenteurs wallons par rapport au nombre total de vaches. Le nombre de vaches laitières par exploitation progresse bien que ce secteur exige une part importante de travail d’astreinte.
Avec 192 000 vaches laitières en 2022, la Wallonie a perdu plus de la moitié de ses effectifs en 3 décennies
En 2022, le nombre de vaches laitières est d'un peu moins de 192 000 têtes, ce qui représente 19 % du cheptel bovin wallon. L’amélioration des connaissances zootechniques, du savoir-faire des agriculteurs et de la génétique a permis une augmentation de la production de lait par vache et par an, ce qui a entrainé par conséquent une diminution du nombre d’animaux. Le nombre de vaches laitières a été divisé par deux en 30 ans.
- Depuis trois décennies, environ six vaches laitières sur dix sont détenues par une exploitation spécialisée en bovins laitiers
L’analyse selon l’orientation technico-économique [OTE] sera réalisée uniquement pour les exploitations dites professionnelles. Le cheptel laitier est quasiment uniquement détenu dans ce type d’exploitation.
En 2022, les élevages appartenant aux OTE spécialisées dans l'élevage bovin, les unes axées sur les bovins laitiers et les autres combinant bovins laitiers et viandeux, détiennent 87 % du nombre de vaches laitières wallonnes.
En 1990, cette répartition était légèrement différente. Avec 63 % des vaches, les exploitations spécialisées en bovins laitiers détenaient déjà la majorité du troupeau. Par contre, les exploitations combinant cultures et bovins étaient, en termes de nombre de vaches, prédominantes (23 % du cheptel) par rapport aux exploitations combinant bovins laitiers et viandeux (11 % du cheptel). Depuis 1990, la première OTE a perdu 83 % de son effectif de vaches laitières alors que la seconde a progressé de 13 %.
- Les vaches laitières belges sont majoritairement détenues en Flandre, cette région a perdu 22 % de ses vaches, soit deux fois moins que la Wallonie
Les vaches laitières wallonnes sont réparties de manière inégale selon la région agricole. En 2022, les régions limoneuse et herbagère regroupent chacune un quart des vaches laitières. Même si la majorité des exploitations de Haute Ardenne sont des élevages spécialisés en bovins laitiers, seulement une vache laitière sur dix est détenue dans cette région. En trente ans, ce sont les deux régions à vocation laitière (région herbagère et Haute Ardenne) qui ont perdu le moins de vaches laitières : plus ou moins un tiers de l’effectif de 1990.
En 2022, les vaches se répartissent comme suit selon la province : avec un peu moins de 73 000 vaches laitières, la province de Liège possède 38 % du cheptel wallon, la province de Hainaut en détient 30 % et les trois autres provinces se répartissent le dernier tiers. Depuis 1990, la province de Liège, malgré une diminution de 40 % du nombre de ses vaches laitières, est la seule province à ne pas avoir perdu plus de la moitié de ses vaches.
La Flandre regroupe 66 % des vaches laitières belges. En 1990, cette région détenait 53 % du cheptel national. Jusque dans les années 2010, le nombre de vaches laitières a diminué de façon similaire dans les deux régions du pays. Cependant, depuis 2013, contrairement à la Wallonie, le nombre de vaches laitières progresse en Flandre.
Depuis 1990, la Wallonie a perdu trois quarts de ses détenteurs de bovins laitiers ; ceux-ci se concentrent de plus en plus dans des exploitations bovines spécialisées
En 2022, 22 % de l’ensemble des exploitations wallonnes détiennent au moins 5 vaches. En 1990, 43 % des exploitations présentaient cette caractéristique. Il reste aujourd’hui moins d’un quart des exploitations détentrices présentes en 1990.
- Les exploitations combinant bovins laitiers et viandeux tendent à prendre une place importante, même si les exploitations spécialisées en bovins laitiers restent majoritaires
Les exploitations détentrices d’au moins 5 vaches laitières sont toutes des exploitations professionnelles. La moitié se trouve au sein de l’orientation technico-économique [OTE] spécialisée en bovins laitiers et un tiers dans les élevages combinant bovins laitiers et viandeux. Malgré une perte d’un tiers de son effectif, la place de cette dernière OTE dans le paysage wallon a pris de l’importance. En effet, en 1990, elle ne concernait que 13 % des détenteurs de vaches laitières. Les exploitations combinant cultures et bovins représentaient à cette époque un peu plus d’un quart des détenteurs. On observe donc une concentration des détenteurs dans des exploitations spécialisées en élevage bovin.
- Bien que plus orientée vers les grandes cultures, la région limoneuse compte plus d'un quart des détenteurs de vaches laitières wallonnes
En 2022, cinq régions agricoles sur les dix que compte la Wallonie, concentrent 80 % des détenteurs de cheptel laitier. 27 % de ces détenteurs sont situés en région limoneuse bien que cette région soit fortement orientée vers les grandes cultures. La région herbagère concentre 17 % des détenteurs de cheptel laitier. Plus de la moitié des exploitations dites professionnelles de cette région sont spécialisées en bovins laitiers. La Haute Ardenne, dont 54 % des exploitations dites professionnelles sont spécialisées en bovins laitiers, regroupe 10 % des détenteurs de cheptel laitier wallon. Cette répartition entre les régions a peu évolué au cours du temps.
A l’échelon provincial, les provinces de Hainaut et de Liège concentrent les exploitations laitières wallonnes avec respectivement 32 et 31 % des détenteurs. La répartition entre les provinces a, elle aussi, peu évolué au cours des trente dernières années.
En 2022, 3 832 détenteurs sont situés en Flandre, soit 55 % du total national. Ce pourcentage est resté stable au cours du temps malgré une diminution de leur nombre de 79 % depuis 1990.
Le nombre moyen de vaches laitières par exploitation détentrice a doublé depuis 1990 principalement dans les élevages spécialisés en production laitière
Si le nombre de vaches laitières a sensiblement régressé en Wallonie, la diminution du nombre de détenteurs a été plus rapide encore, si bien que le nombre moyen de vaches laitières par exploitation détentrice n’a cessé de croître, pour atteindre 67 vaches laitières par exploitation en 2022, soit plus du double de 1990.
- Les élevages spécialisés en bovins laitiers possèdent un troupeau moyen presque 30 % supérieur à la moyenne wallonne
Parmi les exploitations dites professionnelles, celles faisant partie de l’OTE « spécialisée en bovins laitiers » disposent d’un cheptel moyen de vaches laitières (86 têtes) supérieur de 28 % à la moyenne régionale. Il a doublé en l’espace de 3 décennies. Les exploitations combinant les bovins laitiers et viandeux ou combinant cultures et bovins ont un cheptel moyen avoisinant 47 vaches.
- Le nombre moyen de vaches laitières détenu par exploitation est plus important en Flandre qu’en Wallonie depuis 2013
Selon les régions agricoles, le cheptel moyen varie fortement. En 2022, le nombre moyen de vaches laitières par exploitation détentrice d’au moins 5 vaches laitières est le plus faible en Ardenne (53 têtes) et en région Limoneuse (55 têtes). A contrario, il est le plus élevé en région herbagère (81 têtes) et en Haute Ardenne (76 têtes), régions principalement axées sur la production laitière. C’est en Haute Ardenne que la progression du cheptel moyen fut la plus forte avec un triplement du nombre moyen par exploitation depuis 1990.
La province de Liège, caractérisée par la présence d’un grand nombre d’exploitations laitières, dispose des élevages les plus importants, avec en moyenne 76 vaches laitières par exploitation détentrice. Les autres provinces ont un nombre moyen de vaches par exploitation tournant autour des 60 têtes. La progression depuis 1990 de ce paramètre est la plus importante dans la province de Liège et la plus faible dans la province de Namur.
En 2022, le nombre moyen de vaches laitières par exploitation en Flandre est de 92 têtes. Depuis 2013, la Flandre dispose d’un cheptel moyen supérieur à celui de la Wallonie. Cela s’explique par deux phénomènes : d’une part la progression du nombre de vaches laitières dans cette région, contrairement à ce qui est observé en Wallonie, et d’autre part, la chute plus importante du nombre de détenteurs. En trois décennies, le cheptel moyen par exploitation a triplé chez nos voisins.
Si la plupart des détenteurs de vaches laitières détiennent moins de 75 vaches, la progression du nombre d’élevages de plus de 100 vaches laitières est remarquable
En 2022, les détenteurs de moins de 75 vaches laitières représentent 66 % du total des détenteurs et détiennent ensemble 39 % des vaches wallonnes. Les détenteurs de « petits » troupeaux sont en régression constante, surtout pour la catégorie de 5 à 24 vaches laitières. C’est le phénomène inverse qui s’observe pour les grands troupeaux (> 100 vaches). Ils sont moins nombreux (19 % des détenteurs) mais détiennent 4 vaches sur 10.
Cette répartition est très différente de celle observée il y a trois décennies. En effet, 84 % des exploitations détentrices élevaient alors moins de 50 vaches laitières, dont la moitié avait moins de 25 vaches. Seules 3 % des fermes détentrices avaient un cheptel supérieur à 75 vaches laitières. Entre 1990 et 2022, le nombre de détenteurs de plus de 100 vaches laitières a progressé passant de moins de 89 éleveurs à 548
Un quart des exploitations détentrices ont plus de 50 vaches laitières par UT
La notion d’unité de travail [UT] est le reflet du nombre d’équivalents temps plein [ETP] travaillant en agriculture. Les données relatives aux UT ne sont disponibles que lors des enquêtes de structure, c’est-à-dire les années 0 - 3 ou 6. De ce fait, cette partie ne pourra être mise à jour qu’en 2023.
En Wallonie, le centre wallon de recherches agronomiques [CRA-W] a établi des références concernant le temps de travail dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers, dans le cadre des projets « DuraLait » et « DuraLait Plus ». A partir de leurs observations, ils ont pu établir qu’au-delà de 50 vaches laitières par UT, il est difficile de tout gérer.
En 2020, dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers, une UT gère 49 vaches laitières en moyenne. Dans environ une ferme sur quatre, la valeur de référence de 50 vaches laitières par UT est dépassée. Dans les élevages de plus de 100 vaches laitières, cette norme n’est plus respectée que dans une exploitation sur sept. Dans les grandes exploitations, des éléments comme les économies d’échelle, l’automatisation, etc. pourraient en partie compenser le manque de main-d’œuvre, mais le risque d’être dépassé par la charge de travail reste élevé en cas d’excès d’animaux. La qualité de vie des exploitants est directement liée à cette pression du travail.
Selon des études française et wallonne, le travail d’astreinte dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers est en moyenne de 35 heures par UGB. Cependant, ce temps varie selon différents critères dont la taille de l’exploitation. En effet, plus le troupeau est grand et plus des économies d’échelle peuvent être observées. Malgré cela, le travail augmente par UT avec le nombre de vaches laitières sur l’exploitation. En moyenne, une UT réalise 7h30 de travail d'astreinte par jour en élevage laitier. De plus, il faut ajouter toutes les heures liées au travail de saison, à l’administratif et à la gestion des imprévus. La pression du travail est donc importante dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers mais des solutions existent si le travail devient trop pesant pour l'éleveur.
La production laitière livrée en Belgique avoisine les 4,3 milliards de litres de lait
En Belgique, 4,3 milliards de litres ont été collecté par les laiteries en 2022. Le Wallonie y contribue pour 45 %. Depuis 2020, la Wallonie occupe petit à petit une place plus importante dans le paysage laitier belge. Alors que la Wallonie voit sa production légèrement diminuer, la Flandre progresse.
En 2022, en Belgique, seul 2,6 % du lait est biologique. Environ 2/3 de ce lait a été collecté par des laiteries wallonnes alors qu’en conventionnel, la Wallonie en collecte environ 45 %.