Cette fiche, rédigée par l’Observatoire de la diversification d’Accueil Champêtre en Wallonie [ACW], porte sur la diversification en Wallonie. La diversification correspond au développement d’activités basées sur l’exploitation même et exercées principalement par l’agriculteur·rice et sa famille, avec les moyens (surfaces, bâtiments, machines) ou les produits de l’exploitation. Celles-ci peuvent se faire en nom propre ou dans le cadre d’une entité juridique spécifique. Les principales filières sont les suivantes : Travail à façon, commercialisation en circuits courts, transformation alimentaire des produits de la ferme, agritourisme, activités pédagogiques ou sociale, artisanat, transformation du bois, sylviculture, production d’énergie renouvelable et autres.
En Wallonie, en 2020, 4 598 exploitations sont diversifiées, soit un peu plus d’une exploitation sur trois. Le nombre de fermes diversifiées ne fait qu’augmenter depuis dix ans. Pour certaines exploitations, la diversification représente une part non négligeable de revenus. Les fermes diversifiées mobilisent plus de main-d’œuvre et celle-ci est plus qualifiée.
Plus d’une exploitation sur trois en Wallonie est diversifiée
En 2020, 4 598 exploitations agricoles, sur les 12 710en Wallonie, sont diversifiées. Cela correspond à un peu plus d’une exploitation sur 3. Une même exploitation peut cumuler plusieurs activités de diversification. Ainsi, un peu plus de 40 % des fermes diversifiées en pratiquent au moins 2. Néanmoins, la majorité, 56 %, pratique une seule activité de diversification.
Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations wallonnes diversifiées a doublé, passant de 2 187 (15 %) à 4 598 (36 %).
- La vente en circuits courts est l’activité de diversification la plus répandue
L’activité de diversification la plus répandue est la vente en circuits courts. Ainsi, 3 478 fermes wallonnes utilisent ce mode de commercialisation, soit 27 % des exploitations totales de notre Région ou 76 % des fermes diversifiées. La majorité, 93 %, vendent leurs produits directement aux consommateurs, à la ferme.
En 10 ans, le nombre de fermes pratiquant la vente en circuits courts a augmenté, passant de 1 232 exploitations en 2010 à 3 478 exploitations en 2020, soit une augmentation de 182 %. La part des exploitations wallonnes utilisant ce mode de commercialisation a donc fortement évolué elle aussi, passant de 8 % à 27 %.
Les autres activités de diversification concernent 2 225 fermes en 2020 (18 % des fermes wallonnes).
Ce nombre a presque doublé depuis 2010 où il ne concernait que de 1 316 fermes (9 % des fermes wallonnes).
Parmi ces fermes, il y en a qui pratiquent le travail à façon. Ce type d’activités concerne 1 048 exploitations (8 % des fermes wallonnes ou 23 % des fermes diversifiées). Il s’agit pour la majorité d’entre-elles (88 % - 918 fermes) de travaux agricoles réalisés pour le compte d’autres exploitations (p.ex. travail dans une autre exploitation agricole avec son propre matériel). Le travail à façon non agricole (p. ex. dégagement de la neige, entretien des paysages, transport, …) est moins représenté dans ces fermes (22 % - 269 fermes). Le nombre de fermes pratiquant cette activité de diversification a lui aussi fortement évolué entre 2010 et 2020, avec une augmentation de 82 % et 115 % pour le travail agricole et non agricole à façon, respectivement.
Les activités de transformation concernent presque 700 fermes (soit 5 % des fermes wallonnes ou 15 % des exploitations diversifiées). Les activités de transformation de produits agricoles s’inscrivent comme un prolongement direct de la production agricole. Presque la totalité des fermes qui transforment (95 %) vendent aussi en circuits courts, signe de leur volonté de maîtriser l’ensemble des processus reliant leurs produits aux consommateurs. Entre 2010 et 2020, le nombre de fermes transformant directement leur production a presque triplé, passant de 220 à près de 700, soit une augmentation de 215 %.
Viennent ensuite les activités d’accueil à la ferme, pratiquée par près de 500 fermes de notre Région (4 % des fermes wallonnes ou 11 % des fermes diversifiées). L’accueil à la ferme comprend l’hébergement, la restauration avec les produits fermiers, les visites guidées de la ferme, les activités de team-building, … mais aussi les activités pédagogiques et sociales (accueil d’écoles, stage à la ferme, accueil des personnes handicapées, thérapie assistée par l’animal, …). Le nombre de fermes pratiquant ces activités pédagogiques a presque doublé entre 2016 et 2020, passant de 118 à 216.
D’autres activités sont réalisées dans 372 exploitations agricoles, parmi lesquelles la production d’énergie renouvelable destinée à la revente, la transformation du bois, la sylviculture, l’artisanat, … Elles sont néanmoins plus marginales (3 % des fermes wallonnes ou 8 % des fermes diversifiées).
Activité | 2010 | 2016 | 2020 |
Commercialisation en circuits courts | 1 232 | 1 105 | 3 478 |
Travaux agricoles à façon | 504 | 691 | 918 |
Travaux non agricoles à façon | 125 | 235 | 269 |
Transformation alimentaire des produits de la ferme | 220 | 534 | 692 |
Tourisme, hébergement et autres activités de loisirs | 276 | 268 | 342 |
Activités pédagogiques ou sociales sur l’exploitation | nd | 118 | 216 |
Production d'énergies renouvelables destinées à la vente | 81 | 76 | 122 |
Sylviculture | 36 | 63 | 84 |
Transformation du bois | 33 | 32 | 41 |
Artisanat | 59 | 26 | 21 |
Aquaculture | 9 | 5 | 7 |
Autres activités lucratives | 368 | 155 | 127 |
- Plus de diversification en Wallonie qu’en Flandre
En 2020, la proportion d’exploitations ayant recours à la commercialisation en circuit courts est plus importante en Wallonie (27 % des fermes) qu’en Flandre (19 % des exploitations). En 10 ans, cette proportion a augmenté dans les deux régions mais nettement plus vite en Wallonie. En effet, en 2010, la proportion était plus ou moins identique dans les 2 Régions (≤ 10 %).
La part et l’évolution sur les dernières années des activités de diversification dans les fermes (autre que la vente en circuits courts) est sensiblement la même en Wallonie et en Flandre.
Caractéristiques des exploitations
- De la diversification dans toutes les tailles d’exploitation
En 2020, la part de fermes diversifiées est plus élevée dans les fermes de petite taille (47 % pour des fermes dont la SAU est inférieure à 5 ha). La vente en circuits courts est nettement plus présente dans ces exploitations (présence dans 41 % des exploitations wallonnes de moins de 5 ha contre moins de 30% des exploitations pour les autres catégories de surface).
Également, la part de fermes diversifiées est plus élevée dans les fermes de grande taille. En effet, presque 40 % des exploitations de 50 ha et plus sont diversifiées. Le travail à façon est plus fréquent dans ces fermes (présent dans 11 % des exploitations de plus de 50 ha contre moins de 8 % des exploitations de la Région pour les catégories de surface inférieure).
Pour les autres catégories de surfaces, le taux de fermes diversifiées se situe entre 30 et 35 %.
- Comme pour l’ensemble de la Wallonie, les exploitations diversifiées sont majoritairement spécialisées en grandes cultures
D’un point de vue de leur dimension économique (Production Brute Standard, PBS), un peu plus de la moitié des exploitations diversifiées, voire même deux tiers pour les exploitations pratiquant le travail à façon et la transformation, sont de grande taille (Production Brute Standard > 100 000€).
D’un point de vue de leur orientation technico-économique (OTE), un tiers des fermes diversifiées sont spécialisées en grandes cultures (OTE 100).
Plus particulièrement, les exploitations pratiquant le travail à façon sont spécialisées, pour environ 30 % d’entre-elles, en grandes cultures (OTE 100). Il en est de même pour près de 30 % des exploitations commercialisant leur production en circuits courts. Ces dernières fermes sont aussi, dans les mêmes proportions, orientées vers la production laitière (OTE 470-450-831).
Enfin, la production laitière (OTE 470-450-831) se retrouve dans presque la moitié des exploitations transformant des produits agricoles.
- Des chef·fe·s d’exploitation plus jeunes et plus diplômé·e·s dans les fermes diversifiées
En 2020, les chef·fe·s d’exploitation des fermes diversifiées sont en moyenne plus jeunes : 51 ans, contre 57 ans pour ceux/celles des fermes non diversifiées.
Les activités de diversification attirent un peu plus d’un·e chef·fe d’exploitation de moins de 35 ans sur deux (55 %). Ces activités font souvent partie du projet d’installation. Chez ces jeunes, la transformation des produits de la ferme (dans 20% de ces fermes contre 15 % pour l’ensemble des fermes diversifiées) et la vente en circuits courts (dans 80% de ces fermes contre 75 % pour l’ensemble des fermes diversifiées) est plus présente, même si toutes les activités de diversification sont représentées. Le taux de fermes diversifiées diminue avec l’augmentation de l’âge de l’exploitant·e.
Le niveau de formation des chef.fe.s d’exploitations diversifiées est globalement plus élevé : 31 % possèdent une formation élémentaire (pour 26 % des chef·fe·s d’exploitations non diversifiées), 27 % une formation complète (pour près 20 % des chef·fe·s d’exploitations non diversifiées) et 42 % ont une formation exclusivement pratique (pour 54 % des chef·fe·s d’exploitations diversifiées). Ce niveau de formation plus élevé se retrouve dans chaque tranche d’âge mais plus particulièrement dans les tranches les moins représentées dans les activités de diversification, à savoir celle des personnes âgées d’au moins 55 ans.
Enfin, les fermes diversifiées mobilisent en moyenne plus de main-d’œuvre que les fermes non diversifiées : 1,4 UT contre 1,1 UT. Les fermes pratiquant au minimum la transformation sont les plus mobilisatrices de main-d’œuvre avec en moyenne 2 UT.
Un apport de chiffre d’affaires parfois non négligeable
La diversification permet de compléter ou consolider le chiffre d’affaires de l’exploitation.
En 2020, pour près de 20 % des exploitations diversifiées en circuits courts, plus de la moitié de leur chiffre d’affaires total est obtenu grâce à ce mode de commercialisation. Et même, une exploitation diversifiée en circuits courts sur dix tire l’entièreté de son chiffre d’affaires uniquement de ce mode de commercialisation.
Pour près de la moitié (46 %) des exploitations exerçant une activité de diversification, autre que la vente en circuits courts, ces activités comptent pour 10 % ou moins du chiffre d’affaires de l’exploitation. La diversification constitue pour ces fermes un simple revenu d’appoint. Pour d’autres exploitations néanmoins, la diversification supplante la production agricole comme première source de revenus. Ainsi, pour 14 % des exploitations diversifiées, plus de 50 % du chiffre d’affaires est réalisé grâce à la diversification. Les revenus de la diversification sont donc cruciaux pour ces exploitations.
Si elles permettent aussi d’avoir des rentrées financières indépendantes des spéculations des marchés agricoles, les activités de diversification jouent aussi un grand rôle tant au niveau social qu’environnemental. Elles sont pour l’agriculteur·rice une merveilleuse opportunité de valoriser son métier et sa production.
Répartition des exploitations wallonnes qui pratiquent la vente en circuits courts selon la part de chiffre d’affaires liée à ce mode de vente en 2020
Répartition des exploitations wallonnes qui pratiquent la vente en circuits courts selon la part de chiffre d’affaires liée à ce mode de vente en 2020
Répartition des exploitations wallonnes selon la part de chiffre d’affaires liée aux activités de diversification autre que la vente en circuits courts en 2020
Répartition des exploitations wallonnes selon la part de chiffre d’affaires liée aux activités de diversification autre que la vente en circuits courts en 2020